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Migrations de la grâce
Marges spirituelles
Publié dans La Presse de Tunisie le 12 - 10 - 2012

Le conflit qui a divisé, au XVIe siècle, l'Occident chrétien en catholiques et en protestants avait très certainement des enjeux politiques. De nombreux pays, à l'est du Rhin et surtout vers le nord de l'Europe, dans les pays scandinaves, s'accommodaient mal de l'autorité du Pape sur leurs affaires religieuses locales: ils cherchaient à s'en émanciper. Les questions de doctrine sont venues leur en offrir le prétexte.
Il faut dire cependant que Luther, fondateur de la «Réforme», était une figure forte. Le vent de fronde théologique qu'il a suscité en Europe était tel qu'il fallait sans doute que la carte politique s'en trouve assez bouleversée... Après lui, l'autorité religieuse allait reposer sur deux socles théologiques différents, selon le lieu où l'on se trouvait : en l'un le culte des saints et l'encouragement de la pratique des «œuvres» de piété, en l'autre le retour au texte, à la Bible, ainsi que l'accent mis sur la foi et sur la prééminence de la «grâce» divine.
Cette opposition, présentée ici de façon très schématique, s'appuyait donc, au fond, sur une difficulté théologique qui, à vrai dire, n'était pas si nouvelle, puisqu'on en trouvait la trace chez saint Augustin — dans sa polémique contre la secte des Pélagiens — et même aux toutes premières heures du christianisme. La rupture provoquée par le luthérianisme n'indique donc pas que l'Eglise se trouvait tout d'un coup confrontée au problème de l'opposition entre les «œuvres» et la «grâce», mais seulement que ce problème avait pris une tournure critique.
De quoi s'agit-il ? Au-delà de l'appellation, ainsi que des épisodes qui ont marqué l'histoire du christianisme, ce problème a d'ailleurs des résonances dans les autres religions, et l'islam ne fait certainement pas exception. Il s'agit de savoir si le salut de l'âme peut être acquis ou assuré pour le fidèle en s'acquittant des obligations comme la prière, le jeûne, le pèlerinage, l'aumône et, au-delà, de toute bonne action telle qu'elle est recommandée par l'enseignement religieux. Ou si, à l'inverse, il faut considérer que toutes ces bonnes œuvres ne sauraient forcer la main de Dieu, que rien ne remplace l'élan gratuit du cœur, l'amour de Dieu qui n'attend pas de récompense en retour, si ce n'est peut-être la proximité de Dieu lui-même...
Dans toutes les religions de salut, il y a tension entre les deux exigences. Face à ceux qui rappellent qu'il n'est pas possible de forcer la porte du paradis par la multiplication des œuvres et par la construction d'un profil irréprochable, il y a les autres qui, souvent, ont cette réponse toute prête: les incroyants, disent-ils, ont toujours commencé par relativiser l'importance des prescriptions religieuses et par se donner de bonnes raisons de s'en libérer pour vivre comme bon leur semble... Ces autres poursuivent généralement en accusant leurs adversaires d'être bien prétentieux de se mettre au-dessus d'obligations auxquelles les saints hommes qui les ont précédés dans le passé se sont pliés sans faire de façon : «Pourquoi réclamer pour vous ce privilège?», lancent-ils !
Mais une telle réponse, en fait, n'est pas indemne d'une certaine dose de mauvaise foi. Car l'argument défendu par les défenseurs de la «grâce» ne consiste pas à dire que le respect des prescriptions est superflu. Ils sont prêts à admettre que c'est une condition nécessaire du salut mais non, c'est vrai, que ce soit une condition suffisante. Ils expliquent parfois cette position en disant que le respect des prescriptions relève de la préparation de l'âme, par quoi elle apprend à se détacher de ses convoitises «trop humaines» : préparation qui n'a de sens que par rapport à ce dont elle est la préparation, à savoir l'union de l'âme à Dieu.
Dit autrement, cela signifie que, d'une religion à une autre, les techniques de préparation varient mais que l'on se trompe, dans chacune d'entre elles, si on s'imagine que la préparation tient lieu de l'épreuve elle-même... de l'épreuve du saut vers Dieu.
La bonne intelligence de la chose consisterait peut-être à considérer que l'âme qui a accru ses mérites par les œuvres arrive certes armée de sa détermination, mais que c'est en sachant s'alléger du poids de ses mérites qu'elle peut s'élancer plus librement vers son but... Âme nue, pleine seulement d'audace et d'élan... Cela dit, ce débat est bien trop ancien parmi les croyants des religions pour cesser de sitôt.


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