C'est pour dénoncer les dépassements répétitifs relevés en matière d'identification et d'octroi des missions d'audits publics que l'Ordre des experts-comptables de Tunisie (Oect) a donné, hier, une conférence de presse à son siège à Tunis. Le communiqué lu, à cette occasion, par M. Nabil Abdellatif, président du conseil, précise que cette initiative émane de la volonté de la profession de protéger l'économie du pays et de consacrer les principes de transparence financière et de bonne gouvernance. Le communiqué précise, en outre, que l'Ordre des experts-comptables n'a épargné aucun effort pour consacrer ces principes en apportant son soutien et son savoir-faire pour mettre à jour les textes juridiques relatifs à la gestion financière dans les entreprises, les partis, les associations, la fiscalité, la structuration bancaire... «Toutefois, les dépassements et les défaillances qu'on relève, aujourd'hui, ne sont guère rassurants quant à la méthodologie adoptée dans le traitement de ces dossiers stratégiques» souligne-ton encore. Le président du conseil souligne, à ce propos, que l'Oect a relevé des pratiques illégales et répétitives qui consacrent l'exclusion en matière d'octroi des missions d'audit et de contrôle, missions dont l'objectif principal est celui d'instaurer la bonne gouvernance et de lutter contre la corruption. Il ajoute, par ailleurs, qu'en dépit des efforts fournis par le Conseil de l'ordre pour proposer des alternatives et des réformes jugées nécessaires, les parties concernées continuent à faire abstraction aussi bien de la législation tunisienne, des normes internationales que du contexte délicat que vit le pays et qui impose la concertation avec les différentes structures. L'intervenant cite, entre autres dépassements relevés par l'Oect ceux relatifs à la mission d'évaluation des entreprises confisquées, la désignation de commissaires aux comptes à la BCT et à la caisse de consignation et le retard observé au niveau de la réforme du cahier des charges relatif à la révision des institutions publiques. Il cite enfin l'appel d'offres international lancé par le ministère des Finances pour la mission d'audit financier, structurel, social et de performance et pour la préparation d'un scénario de restructuration pour trois banques publiques Cette initiative, fort louable de par son objectif principal, à savoir la réforme du système financier, souffre de défaillances au niveau de l'élaboration du cahier des charges pour la sélection des bureaux d'audit. L'Ordre des experts-comptables attire, à ce propos, l'attention sur les failles juridiques relevées dans ce cahier des charges et s'étonne de la volonté d'exclure les bureaux locaux à travers des conditions rédhibitoires tout en favorisant les bureaux étrangers ne relevant pas de l'Oect. L'absence de garanties concernant l'indépendance et l'objectivité des soumissionnaires est une autre défaillance relevée par l'Ordre des experts-comptables tunisiens. Face à l'absence de mesures pour annuler ces appels d'offres, l'Ordre des experts-comptables sera dans l'obligation de porter l'affaire devant la justice afin d'empêcher des pratiques qui menacent, selon le communiqué, les équilibres financiers et économiques du pays. Un autre intervenant souligne que la question doit prendre une dimension nationale et ne pas rester cloîtrée à sa dimension purement professionnelle car, précise-t-il, «notre souci n'est point financier comme certains ont tendance à le penser mais plutôt national parce que nous pensons qu'il est de notre rôle de lutter contre les mauvaises pratiques et d'instaurer la transparence et la bonne gouvernance à un moment crucial et délicat de l'histoire de la Tunisie».