Hier, la grève générale décrétée par le Syndicat des journalistes tunisiens, avec l'appui des fédérations arabe, africaine et internationale des journalistes, a été unanimement suivie par l'ensemble du corps de métier. Une première en Tunisie et dans le monde. Cette adhésion totale reflète les réelles appréhensions des professionnels quant à la nouvelle mainmise qui est en train de prendre forme, par le pouvoir en place sur le secteur, mais elle exprime également, et surtout, la volonté et la détermination des journalistes à élever au rang de droit constitutionnel la liberté de presse et d'expression, le droit à une information citoyenne, crédible et responsable et l'exclusion de toute forme d'ingérence dans le traitement de l'événement et de l'information. En rangs serrés, les journalistes tunisiens ont passé hier leur message. Le grand public n'a pu y être insensible. Celui de La Presse, non plus. Par cette édition, inédite de par sa Une, son contenu, sa pagination réduite et l'abstention de l'équipe de la rédaction à couvrir l'actualité — exception faite de cette grève historique —, les journalistes de La Presse expriment leur soutien indéfectible à l'action et aux revendications du secteur pour une presse libre, pluraliste, indépendante et responsable; ainsi que pour l'habilitation des instances de régulation du secteur, afin qu'il assume pleinement le rôle qui lui est dévolu. Aussi demandons-nous à nos lecteurs et nos annonceurs de faire montre de compréhension et de soutien malgré les désagréments que peut engendrer une telle adhésion. Nous avons quand même essayé d'assurer une «édition minimale» qui les lèse le moins possible en respectant nos engagements envers les annonceurs et en publiant nos pages services à leur place habituelle. Que notre public nous en excuse, car ce faisant, aujourd'hui, nous militons pour leur garantir un meilleur produit, demain.