La quatrième édition de la manifestation ''Musiciens de Tunisie'' a démarré jeudi soir, au palais Ennejma Ezzahra à Sidi Bou Saïd, avec le spectacle Kif Eddenya (Comme la vie), arrangé et composé par le musicien tunisien Mohamed-Ali Kammoun. Kif Eddenya se présente sous forme de fusion esthétique transmusicale prédominée par deux sonorités, occidentale et orientale. La première s'inspire du jazz, et dans une moindre mesure de musiques occidentales contemporaines (latino et rock), la seconde puisant dans des airs traditionnels, du Maghreb, de Turquie et d'Inde. Outre ses compositions connues comme Take it happy et Fly, de nouvelles pièces écrites par Mohamed-Ali Kammoun ont été présentées hier soir et pour la première fois dont Granada's fall et Vertige. Ce musicien tunisien a exclusivement arrangé ce répertoire pour son Orchestre fusionnel, dans une démarche d'écriture innovante, mettant finement en valeur l'univers du soliste au naï, Hichem Badrani, dans un contraste de sonorités avec un ensemble de vents typiques du jazz: à la trompette Arnaud Meunier et au saxophone alto Enrico Luconi. Le style de Mohamed-Ali Kammoun, le pianiste, est lui-même porteur d'éléments de métissage, tel son phrasé introduisant de plus en plus d'éléments du be-bop et d'ornements mélodiques néo-ottomans. Au niveau du travail rythmique, on retrouve Hédi Fahem, le guitariste du jazz tunisien, et le batteur Nafae Allem, outre le jeune prodige Hamza Zeramdini à la basse. Le spectacle a été l'occasion également d'admirer Alia Sellami, invitée à Kif Eddenya, dans Valse avec moi, alors que le luthiste Malek Ellouz a joué sa composition A tey marquée par des airs arabo-jazzy, en compagnie du sextet de Mohamed-Ali Kammoun. A travers le duo piano/naï dans Kif Eddenya, Mohamed-Ali Kammoun a donné la preuve qu'au-delà des convenances et des clichés, il existe toujours un moyen de rendre une approche artistique particulière, créant ainsi une nouvelle piste de métissage.