Sur les hauteurs de Sidi Bou Saïd, à Dar Saïd, réfugiés dans une pièce de l'hôtel, des cinéastes mènent une discussion assez animée autour du scénario Un soir de pleine lune de Farès Naânaâ et Nadia Kamarri. «Oublier l'effet de mode», dit en l'occurrence Jacques Fieschi, scénariste français chevronné, invité dans le cadre du 25e Atelier Sud Ecriture à propos du personnage féminin qui décide de porter le voile à la suite du décès accidentel de sa fille. Le voile, une question cruciale qui peut avoir des connotations politiques. «Ce n'est pas anodin. Il faut réfléchir davantage dessus», note Fieschi. Dorra Bouchoucha, présidente du Fonds Sud Ecriture, rejoint l'avis du scénariste et réalisateur français. « Pour balancer, il faut que le personnage masculin, c'est-à-dire le mari, parle d'autres choses que du voile et de couvre-toi », lance-t-elle. Le débat se passe en présence des réalisateurs et du producteur, Habib Attia. Organisé en partenariat avec le ministère de la Culture et l'Institut français de Tunisie, l'Atelier Sud Ecriture, qui existe depuis une dizaine d'années, étudie les scénarios de six auteurs — tunisiens — de premier ou de deuxième long métrage de fiction. Deux scénaristes tuteurs, Jacques Fieschi et Emmanuel Bourdieu, animent tour à tour cet atelier qui a aidé, depuis sa création, au développement de 137 scripts dont plus de la moitié ont été réalisés. Ces ateliers amènent les scénaristes à réviser leurs scripts, ce qui permet de mener à bien l'aventure cinématographique. La première session (9-12 octobre), dirigée par Emmanuel Bourdieu, s'est penchée sur les projets suivants : Dieu, protège ma fille de Leïla Bouzid, Une vie tardive de Youssef Chebbi, Les sirènes s'isolent pour chanter de Khédija Lemkacher. Quant au deuxième atelier (21-25 octobre), il a étudié les scénarios Hédi de Mohamed Ben Attia, Histoire d'un film de Mohamed Ben Becher et, bien entendu, Un soir de pleine lune. Les principaux objectifs de l'Atelier Sud Ecriture consiste à soutenir les scénarios susceptibles d'être porteurs de films attractifs qui ouvrent, de par leur forme, leur thématique et leur univers, de nouvelles perspectives, d'être un creuset d'échanges entre scénaristes d'horizons et de cultures différents, de donner toutes leurs chances à des scénarios avancés en encadrant leur développement dans un cadre rigoureux et en aidant à trouver des partenaires artistiques et financiers. Parmi les bénéficiaires de cet Atelier, citons Nadia El Fani (Tunisie), Fanta Régina Nacro (Burkina Faso), Hassen Ben Jalloun (Maroc), Hiam Abbès (Palestine) et bien d'autres...