En butte à la plus grave crise de son histoire depuis la révolution, l'activité touristique dans le Sud tunisien amorce aujourd'hui sa haute saison sur un fond d'inquiétudes et d'incertitudes quant au déroulement de cette saison. L'état des lieux actuel est loin d'être reluisant : des hôtels fermés, un personnel touristique en chômage, des sit-in sauvages très souvent légitimes, un tourisme intérieur en forte baisse, une désaffection des touristes étrangers, un artisanat en pleine crise, des métiers para- touristiques en berne... Les événements post-révolution n'ont fait qu'amplifier la crise pour un secteur déjà fragilisé. Peut-on sauver l'actuelle saison qui s'annonce sur une trame aussi négative? Pendant plusieurs années, on ne cesse d'évoquer la problématique du tourisme saharien. Un créneau qui n'arrive pas encore à s'imposer d'une manière qui satisfait les objectifs qui lui sont initialement assignés. A travers des investissements parfois lourds, surtout en matière d'infrastructures de base et des incitations multiples aux opérateurs qui ont osé défier les difficultés d'implantation, l'objectif avoué était de faire du Sud et de ses splendeurs une destination à part entière, une destination qui séduit et qui incite au plus long séjour. Or, au fil des années, le tourisme saharien est demeuré un produit d'appoint pour le tourisme balnéaire. Un tourisme d'excursions, alors qu'il dispose de plusieurs atouts pour un tourisme de séjour. Et ce n'est pas la volonté politique qui manque pour réaliser cet objectif pour une région, qui en dépit même de la spécificité de son produit, continue à souffrir de certaines difficultés structurelles, dont notamment la faiblesse des taux d'occupation hôtelière et à son accessibilité surtout aérienne. Nul besoin de rappeler qu'en matière touristique, quand les taux d'occupation baissent, c'est toute une mécanique négative qui se déclenche : difficultés financières, endettement, bradage des prix et c'est la qualité des prestations qui n'est plus au rendez-vous. Avec naturellement son corollaire préjudiciable pour l'hôtel et la destination. Le bon sens impose de toute évidence la nécessité de s'interroger, et d'une manière approfondie, sur les véritables raisons de la faiblesse des taux. D'autant plus que le produit lui-même s'érige en une véritable spécificité tunisienne qui n'est pas jusqu'ici soumise aux rigueurs de la concurrence et plus encore facile à promouvoir dans les plus grands marchés émetteurs européens. Aujourd'hui, la clé du succès est sans nul doute synonyme, d'abord, de relance, mais aussi de tourisme de séjour dans le Sud tunisien. Un tourisme qui a ses exigences et qui suppose des préalables. La région saharienne a tant besoin que son riche patrimoine, que la splendeur de ses paysages et que sa diversité culturelle soient valorisés d'une manière autrement plus affinée. En d'autres termes, d'une manière novatrice. Cette valorisation se doit de se décliner en projets d'animation, de loisirs, en parcs à thèmes, en musées et bien d'autres filières qui évitent l'hôtellerie classique pour céder la place à de nouveaux espaces, dont l'aménagement et la conception se doivent de se situer en symbiose avec l'environnement et la spécificité saharienne. Le tourisme de séjour suppose aussi et impérativement des liaisons aériennes directes avec les plus grandes villes européennes, d'autant plus qu'il serait judicieux de faire savoir davantage la décision de faire de l'aéroport de Tozeur un espace à ciel ouvert. Il faudrait que les tour-opérateurs le sachent. Il faudrait qu'ils soient encouragés à programmer cet aéroport. En somme, il s'agit d'inciter davantage les compagnies aériennes à augmenter leurs capacités sur la région saharienne et à procéder à la confection d'un produit qui puisse donner une rallonge supplémentaire à la durée de séjour dans le Sud tunisien. La région a besoin aujourd'hui et plus que jamais d'un effort promotionnel beaucoup plus important, de l'organisation d'événements promotionnels d'envergure et d'un soutien conséquent à mettre à la disposition des transporteurs aériens.