On n'en parle plus depuis la mort de Gueddafi et la fin de la guerre civile en Libye qui a fait fuir des milliers de Libyens et de travailleurs africains vers les pays voisins dont la Tunisie. Aux dernières nouvelles communiquées par le Réseau euro-méditerranéen des droits de l'homme, le camp de Choucha, ouvert en février 2011 dans le Sud tunisien à quelques kilomètres de la frontière tuniso-libyenne, serait en cours de fermeture « alors même que plus de 2.000 personnes y vivent encore, avec ou sans statut de réfugié». Parmi ces réfugiés, surtout africains, certains n'ont pas où aller après Choucha ; aucun pays n'a proposé de les accueillir sur son sol, même parmi ceux qui ont participé aux frappes aériennes de l'Otan, pour faire tomber le régime de Gueddafi. La Tunisie, peuple et gouvernement, a fait de son mieux en ouvrant ses frontières devant les milliers de réfugiés qui ont trouvé refuge notamment dans des familles tunisiennes et dans le camp de Choucha aménagé par les organisations onusiennes, dont le Haut Commissariat pour les Réfugiés. Pendant de longs mois, les familles tunisiennes ont apporté aides et réconfort aux réfugiés dans l'espoir d'une issue sûre et rapide. A ce jour, il y aurait encore des réfugiés sans statut juridique. La fermeture du camp de Choucha signifie leur abandon à leur propre sort, la non-reconnaissance même de leur existence sur terre. Cela est-il possible au moment où les guerres civiles et les conflits armés se font tous au nom des Droits de l'Homme et de leur garantie inconditionnelle à tous les Hommes indépendamment de leurs origines, de leur couleur, de leur religion, voire de leurs crimes. Les raisons qui ont empêché leur accès à un statut juridique ou leur réinstallation dans un autre pays sont peut-être juridiquement explicables. Mais il est injustifiable, inadmissible et politiquement incorrect, qu'après bientôt deux ans, ces réfugiés ne trouvent aucune proposition de réinstallation dans quelque pays que ce soit et encore moins des pays qui ont été à l'origine de leur déplacement et de leur perte. L'avenir de ces personnes est incertain et leur maintien indéfiniment dans un camp en plein désert est inacceptable. Les gouvernements et les organisations internationales doivent assumer leurs responsabilités face à ce drame humain dont l'épilogue est aussi incertain. Ces réfugiés, malgré eux, ont droit comme tout le monde à la dignité même si les calculs stratégiques et les enjeux géopolitiques ont fait d'eux les damnés de la terre. Ceux qui, hier, ont bombardé la dictature n'ont pas le droit aujourd'hui de tuer l'espoir et de semer la graine du terrorisme, cette semence de la terreur et de la violence aveugle qui se développe bien dans le terreau de la misère .