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Les oubliés du camp de réfugiés de Choucha
Récit poignant
Publié dans Le Temps le 08 - 09 - 2011

Depuis l'avènement des premières vagues d'exode massif déferlant sur le territoire tunisien, le camp des réfugiés de Choucha occupait le devant de la scène et faisait l'objet de sollicitudes exceptionnelles; mais à présent, il sombre dans l'anonymat : les journalistes et les correspondants des chaînes de télévisions qui affluaient incessamment sur le camp se sont éclipsés; les délégations officielles et les personnalités étrangères en visites répétées de supervision sont de plus en plus rares à intervenir; on n'en parle que trop rarement dans les médias et il n'occupe plus la Une des journaux; les citoyens tunisiens qui ont fait montre d'un élan de solidarité exceptionnel apportant vivres et munitions de toutes les régions du pays,
n'ont fait d'abord que répondre à l'appel à l'arrêt des donations adressé par le Croissant Rouge face à une surabondance de denrées alimentaires accumulées, avant de se résoudre à se vouer non sans raison, à la cause des familles libyennes affluant en détresse et nécessitant urgemment soutien et solidarité. Pourtant, même si on est loin du nombre de 22 mille réfugiés atteint au plus fort de l'exode depuis la Libye début mars, le camp en accueille aujourd'hui 3 834, pour la plupart des réfugiés (1 735 ) et des demandeurs d'asile (2 099) originaires d'environ 20 pays, en majorité d'Afrique subsaharienne, Somaliens (28%), Erythréens (25%), Soudanais du Nord et du Sud (23%), Ethiopiens (08%), Tchad (04%), ou de la Côte d'Ivoire (01%), et de l'Irak (04%), etc…. Ils n'ont aucune volonté de rentrer dans leur pays en proie à la pauvreté, à la famine, à l'insécurité due à la guerre civile ou aux troubles ethniques, et ils n'aspirent qu'à une chose : obtenir l'asile dans un pays développé, européen ou autre. « J'ai vécu cinq ans à Tripoli où je faisais du commerce de prêt à porter ; comme la plupart des travailleurs étrangers, je n'avais pas d'autres choix que de plier bagages pour sauver ma peau et me prémunir contre les représailles qui prenaient pour cibles les gens de couleur assimilés inconditionnellement à des mercenaires agissant à la solde du colonel. », nous confie Ismaïl, jeune Soudanais rencontré sous une petite tente de fortune aménagée en « salon de coiffure »dans l'un des cinq secteurs réservé à sa communauté, et d'où fusait une musique agréable familière aux airs rythmés soudanais, brisant allègrement le silence matinal dans le camp. « Faute de pouvoir mieux faire depuis voilà cinq long mois d'attente, d'espoir et de promesses non tenues, je me suis converti en « coiffeur-barbier » pour me rendre au moins utile, en attendant que mon vœu soit exaucé, celui d'obtenir asile dans un pays qui m'adopte en ma qualité d'être humain ayant droit à la dignité, à la liberté et au travail, non en tant que réfugié diminué cloîtré dans un camp humanitaire vivant aux frais des autres », »ajoute-t-il amèrement. Depuis les incidents sanglants survenus fin mai ayant coûté la vie à six réfugiés et causé l'incendie des deux tiers des tentes tant de réfugiés que de stockage, l'armée tunisienne, avec le concours du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) a veillé à la restructuration du camp selon les normes internationales : les pensionnaires, aujourd'hui, sont regroupés par communautés et répartis sur cinq secteurs séparés par de larges avenues, et ce pour éviter la promiscuité qui était à l'origine des échauffourées meurtrières entre Somaliens et Erythréens.
Les conditions hygiéniques et sanitaires
De nombreux points d'eau ont été installés dans maints endroits, et des travaux sont encore en cours pour l'installation d'un méga réservoir à même de desservir dans les meilleures conditions tous les secteurs du camp. Des points d'électricité sont également installés permettant aux pensionnaires de recharger leurs portables, ou pour certains de se servir de leur téléviseur dont la présence est signalée par les antennes paraboliques visibles. Les conditions hygiéniques se sont remarquablement améliorées : des douches et des toilettes communes, repérables et faciles d'accès et d'usage, sont partout présentes ; en matière de ramassage des déchets solides, une équipe d'ouvriers relevant de la municipalité de Ben Guerdane passe quasi quotidiennement pour ratisser tous les coins et les recoins du camp. Cependant, si l'intérieur du camp affiche une propreté somme toute acceptable, l'extérieur est dans un état de négligence déplorable, et les déchets de toutes sortes s'amoncellent pêle-mêle jusqu'aux abords de la route. « Certes, les conditions de séjour se sont améliorées par rapport à la gabegie insoutenable des premières semaines, reconnaît Père Sandro, rencontré à la fin de la messe matinale à la sortie d'une tente transformée en église reconnaissable à la croix la surmontant, mais elles demeurent difficiles vu l'emplacement choisi pour l'installation du camp dépourvu de surcroît de points d'ombre, dans cette chaleur étouffante de la saison. » « Les responsables de l'UNHCR procèdent avec lenteur et les pays sollicités pour l'octroi du droit d'asile font montre de réticence ; entre temps, ces centaines de candidats à l'asile prennent leur mal en patience ; mon rôle est de leur apporter un soutien d'espoir, ajoute ce prêtre italien, vivant depuis un an à Tripoli, maîtrisant, pour avoir vécu trente ans en Afrique subsaharienne, plusieurs langues et dialectes africains dont l'amharique ( langue officielle parlée par la population amharas constituant la majorité démographique en Ethyiopie).
A l'entrée du camp se dresse le QG de « Médecins Sans Frontières (MSF)». Une vingtaine de patients attendaient, assis devant une tente servant de cabinet de consultation l'arrivée de Docteur Rachid Majoul, chirurgien dentiste exerçant à Djerba Midoun. Une chaise dentaire y était installée pour l'occasion ; une jeune réfugiée du Darfour, convertie en assistante, veillait à la stérilisation du matériel médical, alors qu'un autre du Soudan avait à gérer la file des patients en attente, préalablement inscrits pour la consultation. « Mon passage volontaire au camp s'inscrit dans le cadre de la collaboration existant entre le Syndicat des Médecins Dentaires de Tunisie et MSF, tenait à préciser Dr.Majoul ; les patients qui ont affaire à moi sont souvent dans le besoin pressant de soins dentaires urgents pour être soulagés ; les cas exigeant une extraction sont transférés, sur recommandation du Ministère de la Santé, à l'hôpital régional de Ben Guerdane. ». De menus travaux d'entretien et de clôture du QG sont en cours, et les responsables de MSF sont à pied d'œuvre, supervisant les travaux en cours, suivant de près les consultations médicales effectués sous la tente, ou assistant aux réunions tenues incessamment dans le cadre des efforts de coordinations entre toutes les parties agissantes à l'intérieur du camp. M.Sacha Maattheuws, jeune Italien, premier responsable de terrain relevant de MSF est omni présent et veille de près au bon déroulement des prestations « Le séjour des réfugiés dans le camp n'est pas un paradis sur terre : les conditions climatiques propres au désert sont difficiles, notamment en période estivale ; nous avons affaire à des patients arrivant avec un dossier médical complexe, souffrant de ce fait de maladies complexes ; la communauté internationale me donne l'impression de manquer davantage à ses engagements envers ces citoyens du monde en détresse, déclare-t-il, avant d'ajouter « Huit médecins, dont deux généralistes tunisiens et six autres praticiens qualifiés, Irakiens, Soudanais et Ethyopiens, présents dans le camps en tant que réfugiés, mais ayant exercé la médecine en Libye, assurent l'essentiel de l'assistance et du suivi médicaux à l'ensemble des pensionnaires du camp. 3 500 consultations d'ordre mental et psychiatrique ont été effectuées depuis mars ; sur un autre plan, nos huit médecins avec le précieux concours des spécialistes en passage quasi hebdomadaire au camp ont assuré depuis le 23 mai 4 248 consultations, toutes maladies confondues : gastro-entérite représentant 11,5% de l'ensemble des consultations, obstétrique 06%, gynécologie 12%, soins dentaires 07%, maladies musculaires 11%, infections respiratoires 06%, dermatologie 09%... » « Grâce à la conjugaison des efforts de tous les intervenants dans le camp, aucun signe d'épidémies n'a été enregistré, et nulle trace du virus du sida, contrairement aux allégations infondées circulant à ce sujet.», a-t-il tenu à préciser.
Des organismes comme l'Unicef, Save the children, Islamic Relief, ou Secours Islamique, sont également à pied d'œuvre et organisent en collaboration avec l'UNHCR une série d'activités ludiques et pédagogiques au profit des 260 enfants vivant dans le camp.
Les pays du Nord face à leurs obligations d'accueil
Prévu pour servir de camp de transit dont la durée ne devait pas dépasser la dizaine de jours, voilà le camp de Choucha transformé en camp de réfugiés. Les pensionnaires qui y vivotent depuis cinq à six longs mois sont à bout de patience. La seule solution pour eux est d'être réinstallés dans des pays développés, mais en dépit de l'appel dans ce sens adressé instamment par l'UNHCR et récemment aussi par la délégation du Parlement européen en visite au camp du 13 au 16 juillet aux Etats membres, le rythme de réinstallation est en deçà des attentes, et l'effort de placement de ces malheureux infortunés dans les pays riches du Nord est insignifiant. Certains pays, comme la France, l'Allemagne ou l'Italie sont réticents et esquivent leurs obligations d'accueil, préférant faire la sourde oreille aux appels réitérés à l'adhésion au programme de réinstallation préconisé. M.Rocco Nuri, responsable des Relations Extérieures au sein de l'UNHCR, s'explique à ce sujet : «Onze parmi les pays sollicités ont répondu à l'appel à l'adhésion au programme d'accueil et de placement des réfugiés. Un processus d'identification et de détermination de statut de réfugié a été entamé par l'UNHCR; à cet effet, un staff de 11 personnes est déployé pour exécuter les procédures d'identification d'une manière accéléré à même d'épargner aux candidats à l'asile davantage d'attente. Outre la Belgique qui a accueilli à la date du 17 juillet 25 réfugiés, une délégation norvégienne relevant du Service d'Intégration et de Diversité était il y a quelques jours en mission à Zarzis pour identifier 122 réfugiés de Choucha candidats à la réinstallation, à ajouter aux 176 autres déjà .identifiés lors d'une première mission effectuée en juillet. Huit sont déjà partis ( on croit même savoir que des sessions de cours d'orientation culturelle leur sont consacrées dans le but de faciliter leur insertion) ; les 290 restants partiront incessamment entre septembre et décembre 2011 ».


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