Le Fonds mondial pour la nature (WWF) a organisé, le jeudi 8 novembre à Tunis, une rencontre avec les journalistes, pour les informer de certains problèmes environnementaux en Tunisie. L'initiative s'inscrit dans une démarche qui vise à impliquer davantage les médias pour la protection de la nature, à travers la sensibilisation et l'information de l'opinion publique. D'après Sami Dhouib, chargé des programmes marins au WWF-Tunis, plusieurs problèmes environnementaux sont apparus ou accentués après la révolution. A l'instar d'autres ONG, le WWF a fait sa propre prospection dans les parcs tunisiens, et le constat est alarmant. A la réserve de Mhibes, la population locale a arraché tout l'enclos, faisant s'échapper dans la nature les cerfs de berbérie, espèce protégée qui s'y abritait, et désormais à la merci des chasseurs. « Un travail de vingt ans parti en fumée », se désole Dhouib. A Sidi Mechreg, des habitants ont coupé les arbres d'eucalyptus et de pin pignon, bien que ces derniers constituaient une source de revenus pour eux, grâce à la collecte des graines. Les forêts ont subi beaucoup de dégâts ces deux dernières années. Rien qu'en 2012, il y a eu 400 incendies de forêt sur tout le territoire tunisien. Côté mer, la pêche illicite bat son plein, avec le chalutage dans les zones à faible profondeur au Sahel, l'utilisation du kys au sud, l'exploitation non règlementaire du corail au nord, la pêche dans les zones protégées, notamment à Zembra, le prélèvement anarchique d'espèces protégées comme la tortue marine, ou faisant l'objet de conventions internationales comme le thon rouge. Sortir du silence Le WWF est présent en Tunisie depuis 17 ans, mais jusque-là, il a toujours agi en silence. Face à la recrudescence des problèmes environnementaux après la révolution, et à la difficulté des autorités compétentes à agir en conséquence, le WWF change de stratégie de communication pour impliquer davantage la société civile. Communiquer plus, informer, appuyer davantage les associations de protection de l'environnement, sensibiliser, ce sont là les nouveaux mots d'ordre de l'ONG. Dans le cadre de cette nouvelle stratégie, un centre de sensibilisation sur les zones humides à Ghar elMelh sera inauguré le 2 février 2013. D'autre part, afin d'assurer la pérennité des projets entrepris et éviter les conflits avec les populations locales, le WWF encouragera le lancement de micro entreprises autour de l'environnement. A ce titre, le WWF s'engage pour une durée de trois ans, moyennant un budget de 750.000DT, sur un projet au service de l'homme et de la nature, dans des aires protégées du nord et du centre-ouest de la Tunisie. «Sur les dix promotions de la filière écotourisme, aucun diplômé de l'école de Tabarka n'a pu obtenir de poste dans son domaine d'étude, faute de projets», déclare Faouzi Maamouri, coordinateur du WWF-Afrique du Nord. La rencontre du jeudi 9 novembre a été le premier contact important entrele WWF et les journalistes en Tunisie depuis la révolution. La prochaine rencontre est prévue le 17 novembre, avec, au programme, une visite de la zone côtière entre Cap Serrat et Cap Negro, lieu de la nouvelle aire marine et côtière protégée, et une table ronde autour des problèmes de la zone.