A l'instar du théâtre français, le théâtre tunisien fera ses «Molières». Il consacrera, dans la nuit du 26 mai 2010, les meilleurs auteurs et metteurs en scène, les meilleurs comédiens et comédiennes, les espoirs de la scène, les critiques dont le feed-back demeure important et les techniciens, ces soldats de l'ombre, sans lesquels l'œuvre théâtrale serait nue, inachevée…Ce rendez-vous, désormais annuel, réunirait les professionnels du quatrième art à la bonbonnière, monument représentatif de cent ans de théâtre où l'on a vu passer des artistes et des écoles, du classique à l'expérimental, jusqu'au nouveau théâtre pluridisciplinaire qui s'associe aux autres arts pour faire œuvre de poèsie avec la scène. Un avant-goût de cette manifestation baptisée : «nuit du théâtre» a eu lieu l'année dernière, pour fêter le centenaire du théâtre tunisien. On y a rendu hommage à de grands noms qui se sont investis dans l'écriture pour cette unité du lieu, du temps et de l'action. Reconnaître les talents, les efforts et l'engagement de ces hommes et femmes du domaine, ce n'est pas que politesse et raffinement, c'est reconnaître que le théâtre est vital pour la cité. Que ces personnes, connues ou peu connues, offrent aux personnes inconnues, qui sont les publics, la possibilité de tirer des conclusions au sujet du quotidien et du monde. Que le théâtre est théâtre, et rien d'autre. Qu'il est quelque chose d'obligatoire : un objet placé en face, un objectif qui appelle la conscience des hommes, parce qu'il puise sa moralité involontaire du sens de sa liberté. Cette manifestation répond donc à ce besoin de reconnaissance, insatisfait, depuis que la semaine du théâtre tunisien n'est plus, et depuis que les Journées théâtrales de Carthage (JTC) avaient sucré les compétitions. Qu'est-ce qui peut motiver les artistes, sinon? Le public? Ce monstre du Loch Ness, tout ce qu'il y a d'indéterminé, de plus vague et de changeant ? Ce public qui depuis le câble et les satellites, le DVD, l'Internet et le facebook a la flemme de sortir ? Celui que l'on sollicite et que l'on racole désormais à travers des moyens infinis de promotion ? On nous apprend que ce dernier, qui n'en est pas moins toujours le même, participera à cette manifestation. Il accordera sa «scène d'or» aux meilleures œuvres et aux meilleurs artistes qui ont évolué sur les planches pendant l'année 2009. Il jouera le rôle d'un deuxième jury. Le premier étant désigné et composé de théoriciens du théâtre, artistes et critiques. Le public enverra son palmarès par SMS ou sur une boîte vocale, au moment de la transmission en live de la nuit du théâtre sur la chaîne de télévision Tunis 21. Cela s'annonce excitant. Mais saura-t-on distinguer les œuvres à résonance singulière, les farces tragiques, les auteurs à la plume grinçante et les acteurs au jeu congruent ? Comment jugera-t-on ? Selon quels critères et quelle vision du monde ? A part le devoir de mémoire et la reconnaissance, cette nuit du théâtre a-t-elle un but particulier ? Que serait ce but ? Sortir le théâtre du «musée» dans lequel d'anciennes formes de cet art sont encore exhibées ? En finir avec cette atmosphère solennelle dans laquelle étouffe le théâtre ? Que cherche-t-on à prouver ? Une certaine proximité ? Pourvu que cette manifestation ait un sens pour tout le monde. Qu'elle soit aussi importante que les oscars ou les molières. Aussi bien organisée et soutenue. Peu importe les moyens. Il s'agit d'élégance. Ce qui ne veut pas dire tapis rouge et clichés. Mais classe et identité. Le statut Il s'agit de la deuxième édition de la Nuit du théâtre tunisien. Elle intervient à la suite de la première session avec laquelle a démarré la célébration de ce centenaire. L'actuelle organisation répond aux principes de la consécration de la périodicité de cette commémoration et de l'institution d'une tradition qui confirme le référent historique et symbolique du théâtre et de la pratique théâtrale en Tunisie. La Nuit du théâtre tunisien est une soirée festive devant se tenir le 26 mai de chaque année. Cet événement vise à mettre en exergue les réalisations tunisiennes en matière de théâtre, toutes spécialités confondues, en rendant hommage à tous les actants opérant dans les différents domaines de la création théâtrale, tant au niveau artistique et technique, qu'à celui de l'organisation et de la critique. Il sera marqué par l'attribution de prix dans les différents métiers du théâtre. Les objectifs de cet événement sont au nombre de trois. — Contribuer à la consécration du principe de la qualité et de l'excellence dans les productions théâtrales tunisiennes. — Mettre en valeur les efforts déployés par les actants du 4e Art à tous les niveaux de la création théâtrale‑: créativité, production, éducation et promotion du théâtre. — Mettre en avant la diversité de notre théâtre et les particularités des contributions des hommes et des femmes de théâtre dans la promotion de la création (écriture, moyens techniques et artistiques utilisés, etc.), ainsi que dans la diversification des destinataires et des publics ciblés. Le jury est constitué d'hommes de théâtre et de culture, au fait de l'activité théâtrale en Tunisie. Les membres sont désignés par le ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine. Le jury de la «Scène d'or» de la critique théâtrale est composé de critiques et d'univeritaires versés dans le théâtre. Deux «Scènes d'or» seront décernées par le grand public, l'une à la meilleure œuvre théâtrale pour adultes, l'autre à la meilleure création destinée au jeune public. Le public sera appelé à voter par SMS et d'autres supports de communication. Cette édition sera marquée par une importante participation de spécialistes du théâtre en Europe dont Robert Abirached, Pierre Debauche, Deborah Shaw, Joël Heuillon, de la Palestinienne Marie Elyas, des Syriens Salwa Naïm et Abdel Moneim Amaïri, du Jordanien Ghannam Ghannam, du Koweïtien Soliman Bassam, du Marocain Abderrahman Ben Zidan et des Tunisiens Mohamed Zinelabidine, Mohamed Kouka, Hamadi Mezzi, Mohamed Moumen, Nawal Skandrani, Salem Labbène, Fadhel Jaïbi, Fathi Akkari, Rachida Triki, Lassaâd Ben Abdallah, Ridha Boukaddida, Kamel Allaoui et Mohamed Mediouni. A.L.