La défaite face à la Suisse n'a rien d'inquiétant. Bien au contraire... N'eût été ce but à la fois stupide et trompeur de Haka à la toute dernière minute du temps additionnel, nous serions sans doute là à faire plein d'éloges à notre équipe nationale. Ce n'est pas que nous n'en ferons pas quelques-uns, mais nous aurions véritablement aimé une victoire de prestige qui aurait fait taire détracteurs et comploteurs de tous bords. Résultat et changements C'est vrai que c'était un match amical et que le score importe peu par rapport à la prestation. Mais il y a parfois de ces moments où une victoire revigore l'ambiance et permet d'aller de l'avant dans la sérénité, mais ce n'est pas bien grave car, par-delà le score trompeur, nous avons retrouvé une équipe nationale séduisante, créative et talenteuse. Riche également par le nombre et la qualité, mais pas encore vigoureuse et aux automatismes pas encore huilés. C'est que, depuis le début de l'année 2011, date de la prise en main par Sami Trabelsi de cette équipe nationale, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Et s'il n'y a pas eu déluge (comme c'est malheureusement le cas depuis trois jours dans notre pays), c'est parce que la démarche du sélectionneur national a toujours été pragmatique. Seules les contingences ont donné l'impression à quelques-uns qu'il était en train de changer de route. Et ces contingences, cette équipe nationale en a bien connu dans son parcours depuis le Chan. Entre compétition nationale biaisée, méformes, blessures et problèmes connus par un bon paquet de joueurs. Instabilités chroniques Faut-il rappeler que Mbarki et Dhaouadi se sont un peu perdus à Evian; que Jomaâ a complètement changé de cap; idem pour Chady Hammami; Darragi a connu des hauts suivis par des bas; Mathlouthi a connu un période sans; Kasdaoui (le buteur du Chan) a disparu de la circulation, tout comme Mouihbi. Ceci pour le côté cour. Côté jardin, Sami Trabelsi a eu le grand mérite de rompre avec le conservatisme de ses prédécesseurs qui ont toujours opté pour un noyau dur et en lui faisant confiance contre vents et marées. Peu importent leur état de forme, leur statut dans leurs clubs respectifs (plusieurs d'entre eux étaient remplaçants) et leur véritable apport à l'Equipe nationale. Il n'y à qu'à jeter un coup d'œil sur la formation alignée face à la Suisse (remplaçants compris) pour mesurer l'ampleur du changement, ainsi que la richesse de l'effectif. D'autres sont dans l'antichambre et, avec le retour de la compétition et les championnats européens et du Golfe qui battent leur plein, nous sommes convaincus que, d'ici au coup d'envoi de la CAN, nous aurons droit au meilleur groupe et au meilleur onze possibles. Richesses et perspectives Jamais nous n'avions eu autant de choix et autant de joueurs devant (Harbaoui, M'sakni, Oueslati, Dhaouadi, Khélifa, Jomaâ, Ben Youssef); jamais eu autant de demis offensifs (Darragi, Haddad, Ben Yahia, Chady Hammami, Ben Hatira, Saïhi, etc.); alors que les autres, ceux plus défensifs, ne se contentent pas de défendre avec Sami Trabelsi. Rayon gardiens, Mathlouthi est de nouveau bien; Farouk Ben Mustapha n'arrête pas de progresser et de s'affirmer, alors que Ben Chérifia n'est plus considéré aujourd'hui comme un numéro 2, mais comme l'aspirant légitime au statut de numéro un. Nous avions moins aimé Bédoui que nous avions trouvé un peu juste au niveau tactique, du placement, de l'expérience, mais on sait qu'il ne partira pas en tant que titulaire en Afrique du Sud. Ce que nous avions aussi aimé? Ben Yahia qui n'a jamais eu vraiment sa chance. Chady Hammami, Issam Jomaâ et Harbaoui, Abdennour également, presque aérien mais qui a besoin d'être flanqué par un joueur solide dans un axe qui n'a pas toujours brillé par l'entente et la rigueur. Ce que nous avions moins apprécié? Il y a du talent dans cette équipe. Mais pas encore l'entente et les automatismes. Trop de changements nuisent au jeu collectif, même s'ils sont parfois rendus obligatoires. A deux mois de la CAN, c'est sur ce plan bien précis qu'il faudra travailler. Une autre faiblesse à corriger : la couverture derrière. Trouver le juste équilibre entre la construction et la couverture efficace s'impose, aujourd'hui. Les Suisses ont parfois percé facilement nos lignes-arrière à cause de cette imperfection. Demeure, enfin, la défense. On sait qu'il manque quelques pièces du puzzle, même si le talent est là. Une grande équipe, c'est tout d'abord une grande défense. Alors si Sami Trabelsi avait la bonne idée de trouver la bonne formule derrière, nos adversaires à la CAN peuvent d'ores et déjà trembler.