Le long-métrage Toiles d'araignées du réalisateur malien Ibrahima Touré, projeté dimanche dernier dans la salle du Rio et qui s'inscrit dans la compétition officielle de ces JCC, est sorti en 2011 et a été produit par le Centre national du cinéma malien. Il est l'adaptation du roman autobiographique de l'écrivain malien Ibrahima Ly (un professeur de Maths qui s'est engagé dans la vie politique dans son pays, en dénonçant la dictature). Le film raconte, en effet, l'histoire de Mariama, une fille âgée de 17ans, qui a été forcée par ses parents à se marier avec un homme nettement plus âgé qu'elle. Défiant cette société injuste et refusant de se plier aux lois de son pays, la jeune fille a été incarcérée dans une prison où elle subit, dès lors, les pires châtiments. Les tortures se succèdent et les gardes de la prison ne ratent aucune occasion pour l'humilier et la maltraiter. Une souffrance physique et morale qu'elle a dû supporter pour avoir osé dire non à l'aliénation et à la soumission. Son seul crime, c'est d'avoir refusé ce mari «riche» qu'elle n'aime pas. Le réalisateur nous décrit en détail les terribles pratiques faites de violence et de tortures dans le milieu carcéral. Il nous montre la cruauté et la bestialité des geoliers à l'égard des prisonniers et nous invite à réfléchir sur la condition de l'être humain. Il nous raconte, dans un style à la fois pathétique et ironique, la souffrance d'un peuple opprimé et le destin tragique d'une jeune fille décidée et même obstinée, réclamant son droit à choisir son mari. Il porte ainsi un regard sur la maux d'une société corrompue et nous montre la dictature et l'injustice du gouvernement malien à une époque déterminée reflétant la triste image de la condition de la femme au Mali. Parallèlement au drame de la jeune Mariama, le film relate l'histoire de Yoro, un intellectuel militant qui a été arrêté suite à la distribution de tracts dénonçant le régime corrompu du pays. Les deux protagonistes se retrouvent ainsi dans la même prison et des liens d'amitié et de compassion se tissent entre eux et ils tentent ensemble, par tous les moyens, de retrouver une lueur d'espoir. Grâce à la complicité de certains prisonniers, Mariama réussit enfin à s'enfuir de la prison pour retrouver sa liberté et aspirer à un peu de bonheur. Mais hélas, son combat pour la liberté reste inachevé et elle a fini par périr en recevant une balle dans le dos. Ce long-métrage d'une heure et demie est un témoignage vivant du Mali autoritaire et dictatorial des années 70. Une image réelle qui nous renvoie la détérioration des mœurs dans les sociétés africaines, la violation des libertés d'expression, etc. Toiles d'araignées d'Ibrahima Touré est un récit authentique, plein d'actions et d'émotions, inspiré d'un vécu réel et commun. Pour ceux qui ont raté la première projection du film, ils auront l'occasion de le revoir aujourd'hui dans les salles.