Dans le cadre de la Compétition Officielle longs-métrages de la 24è session des JCC, les cinéphiles ont assisté dimanche (18 novembre), à la projection du film malien « Toiles d'araignées » d'Ibrahima Touré. Le film est passé à la salle Le Rio, alors qu'il était prévu au Mondial. Aussi a-t-on remarqué un bon nombre de retardataires, notamment parmi les Africains qui, déroutés par le catalogue du programme, ont dû perdre du temps à chercher le nouveau lieu. Ceci dit, nous souhaitons que ces changements de programme soient annoncés au public à travers les medias au moins un jour avant la projection pour éviter les mauvaises surprises.
Pour revenir au film malien, soulignons que le choix de ce film parmi la sélection de la compétition officielle fut pertinent, dans la mesure où il relate des faits véridiques et crédibles, des situations délicates et dramatiques vécues par les populations africaines ayant souffert le martyre sous les régimes dictatoriaux qui règnent avec la politique du bâton et du bâillon en violant les droits de l'homme les plus élémentaires. Ce long-métrage, évoquant les années 70 au Mali, milite contre la tyrannie et l'injustice, en faveur de la démocratie, la justice sociale, les droits et les libertés. Sorti en 2011, le film a reçu à Montréal le prix du meilleur long-métrage de fiction de la catégorie Afrique Connexion. C'est une adaptation à l'écran du roman autobiographique d'Ibrahim Ly, professeur de mathématiques emprisonné en 1974 pour son opposition à la junte militaire de Moussa Touré. Le film évoque une histoire d'amour sur fond politique : un va-et-vient entre vie sociale et traditionnelle des indigènes et vie politique dominée par les militaires au pouvoir où les événements s'enchevêtrent et se compliquent pour finir par un drame.
Les premières images du film montrent un couple qui vit une belle histoire d'amour, alors que les parents de la jeune fille Mariama veulent la marier de force à un homme plus âgé qu'elle, mais cette dernière refuse cette union forcée, déterminée à aller jusqu'au bout, quitte à subir l'emprisonnement, l'humiliation et la torture, étant jetée dans un bagne avec les hommes par les responsables militaires qui l'accusent de désobéissance et d'insoumission aux ordres parentaux et aux règles traditionnelles du pays. Il faut saluer le rôle de ce personnage interprété par l'actrice Viviane Sidibé et qui l'a merveilleusement réussi. Le producteur a voulu ainsi critiquer les traditions patriarcales de son pays, le Mali, telles que le mariage forcé, la polygamie, la virginité et l'honneur. Parallèlement, il met en relief, la façon dure et inhumaine dont sont traités les patriotes qui s'opposent au régime militaire au pouvoir. Ils jettent ainsi tous les dissidents en prison souvent sans procès où ils croupissent en subissant toutes les affres de la prison et les pires conditions carcérales que réservaient à l'époque les putschistes à leurs opposants. Mariama qui se trouve parmi ces détenus, réussit miraculeusement à se sauver, lors d'une mutinerie provoquée par les prisonniers et rencontra son petit ami qui l'attendait depuis longtemps à l'extérieur du bagne avec qui elle prit la poudre d'escampette. Mais ces retrouvailles furent courtes, car un soldat les a poursuivis et tira sur la jeune fille...
Un dénouement malheureux et inattendu qui aurait pu être moins précipité et plus développé, ne serait-ce que pour satisfaire les attentes d'un public qui aurait voulu que la vie de la jeune fille continue auprès de son jeune amant pour qui elle a enduré toutes les souffrances inimaginables... Bref, un film époustouflant. Durant plus de 90 minutes, le jeu des acteurs, la musique, les prises de vues, les décors, les costumes et la lumière ont retenu l'attention des spectateurs. Une œuvre de qualité ! Les spectateurs auront certainement apprécié ce film qui suscite beaucoup de discussions notamment concernant la condition de la femme au Mali et en Afrique en général.