Mauvaise gestion financière, insuffisance des programmes d'encadrement et d'accompagnement et une répartition géographique déséquilibrée des mutuelles de services agricoles Révision du cadre juridique de 2005 et mise à niveau des mutuelles de services agricoles pour un meilleur rendement Les petits agriculteurs qui occupent d'importants périmètres agricoles font souvent face à plusieurs problèmes d'ordre structurel et conjoncturel les empêchant d'améliorer la productivité et de commercialiser leurs produits. Parmi les problèmes soulevés, ceux qui concernent le financement, dans la mesure où de nombreux petits agriculteurs n'arrivent pas à rembourser à temps leurs crédits, alors que d'autres n'ont pas la possibilité tout simplement d'accéder au crédit. Des conditions climatiques défavorables sont suffisantes pour que ces petits producteurs se trouvent dans une situation embarrassante. Ils ne sont même pas sûrs, dans ces conditions, d'avoir des revenus leur permettant de mener une vie digne et de redémarrer leurs activités normalement. D'autres insuffisances dans la disponibilité des intrants, des engrais comme le DAP dans certaines régions et du matériel du travail. Le manque de la main-d'œuvre constitue aussi un handicap constaté, notamment lors des saisons de semence et de récolte. D'où la nécessité pour les producteurs de se regrouper dans des structures solides et professionnelles — comme les mutuelles — de nature à faire face aux différents problèmes en agissant ensemble pour trouver les intrants à temps, augmenter la production et écouler leurs produits dans les meilleures conditions. Amélioration de la compétitivité Selon une source de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap), «la politique de développement agricole dans notre pays connaît des changements qualitatifs traduits particulièrement par le renforcement du rôle du secteur privé et des structures professionnelles dans ce domaine». Les mutuelles de services sont ainsi considérées comme un élément important dans la croissance de la production et l'amélioration de la compétitivité des petits et moyens producteurs. Une journée nationale de sensibilisation sur les mutuelles de services agricoles — organisée par l'Utap, le ministère de l'Agriculture et la FAO — a tenté d'ailleurs de sensibiliser les producteurs à l'importance d'adhérer à ces structures chargées de les encadrer et de les assister dans le but d'augmenter la production et la maîtrise des coûts. Elles sont chargées également de moderniser les moyens de production et de garantir la qualité pour plus de compétitivité sur le marché. D'autant plus que plusieurs défis doivent être relevés au cours de la prochaine période par les producteurs dans une perspective d'ouverture du marché national aux produits provenant des autres pays européens. En adhérant dans ces structures professionnelles, il serait plus aisé d'intervenir auprès des banques pour le financement, d'accéder aux circuits de distribution et de bénéficier des renseignements et de la vulgarisation en temps opportun. Arrêt définitif des activités Cependant, les structures professionnelles font face, elles-mêmes, à des problèmes, comme l'a souligné M. Habib Jemli, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Agriculture. En effet, la révision du cadre juridique des mutuelles de services agricoles en 2005 a été à l'origine de l'arrêt définitif des activités de 21 mutuelles, alors que 58 coopératives de services agricoles ont été considérées comme dissoutes car elles ne se sont pas conformées aux nouvelles dispositions de la loi de 2005. M. Ahmed Hnider Jarallah, président de l'Utap, confirme, lui aussi, le fait que le manque d'organisation des agriculteurs dans une structure professionnelle constitue «le maillon faible du secteur agricole et le plus grand handicap freinant l'accroissement de la production et l'amélioration de la compétitivité». Le travail collectif dans le cadre d'une structure professionnelle pourrait être un facteur de force, même si le cadre juridique actuel ne permet pas à l'organisation agricole d'avoir les prérogatives de suivi des activités des mutuelles de services. Le temps est venu, selon l'intervenant, de revoir ce cadre juridique relatif aux mutuelles de services qui ne couvrent qu'un nombre limité d'agriculteurs. On a constaté aussi une mauvaise gestion financière ainsi qu'une insuffisance des programmes d'encadrement et d'accompagnement et une répartition géographique déséquilibrée, puisque 64% de ces mutuelles se trouvent dans les régions côtières ! Pourtant, dans les régions du Nord-Ouest, de grandes superficies de grandes cultures et d'arbres fruitiers approvisionnent régulièrement le marché. Il est nécessaire de déployer davantage d'efforts en vue de sauver les mutuelles de collecte et de distribution des céréales à la faveur d'un programme de mise à niveau proposé par M. Amor Bahi, de l'Utap. Certaines mutuelles souffrent aussi d'endettement et de manque de diversification des activités. Les mutuelles des services agricoles devraient, en tout cas, être restructurées afin qu'elles poursuivent leurs activités en rassemblant le maximum d'agriculteurs. Des actions collectives pourraient ainsi être organisées en leur faveur, notamment au début de la saison des semences et lors des campagnes de récolte pour améliorer leurs performances et contribuer progressivement à assurer la sécurité alimentaire.