C'était hier, 17 décembre, que la stratégie nationale pour l'emploi a été annoncée par le ministère de tutelle, en concrétisation des recommandations issues du congrès national pour l'emploi dont les assises ont eu lieu en juin dernier. L'initiative émane d'une réalité socioéconomique tangible illustrant un état des lieux déplorable, où le taux de chômage dépasse toutes les prévisions et les disparités régionales se creusent de plus en plus. Mais, cette vérité n'était plus à la portée de tout le monde, à l'époque de l'ancien régime. Et il fallait attendre la révolution du 14 janvier qui a soufflé les vents du changement pour se rendre compte de l'ampleur du phénomène qui touche, chiffres à l'appui, quelque huit cent mille jeunes demandeurs, dont bon nombre de diplômés du supérieur. Face à cette nouvelle donne, les décideurs politiques, ainsi que tous les protagonistes du secteur, se sont trouvés dans l'embarras du choix. Que faire pour atténuer les pressions sociales qui proviennent de tous bords ? Juste au lendemain de la révolution, il n'était pas aussi facile de savoir gérer le flux de demandes d'emploi et répondre aux appels répétitifs pour l'intégration professionnelle, comme l'un des attributs de la dignité humaine fortement revendiquée par les jeunes révolutionnaires. Certes, le climat social et politique qui régnait dans le pays n'avait plus permis aucune réalisation. Ni initiative d'apaisement, non plus. Et les réflexions tardent à donner lieu à des solutions pratiques pour un problème des générations encore persistant dont seule une bonne volonté politique, soutenue par un engagement collectif d'employabilité, pourrait résoudre. Dans cette logique des choses, la stratégie nationale pour l'emploi serait-elle en mesure de porter ses fruits à l'horizon 2017 ? Sachant qu'elle ne va pas tenir compte de l'année 2013 qui verra la continuité du programme d'urgence pour la promotion de l'emploi, inéluctablement considéré en tant que complément essentiel de la démarche stratégique en la matière. A noter également que cette stratégie dont la période s'étalera sur quatre ans s'inscrit dans le cadre du projet lancé et financé par l'Organisation internationale du travail (OIT) intitulé «Promouvoir l'emploi productif et le travail décent des jeunes en Algérie, Mauritanie, Maroc et Tunisie». Ce faisant, il a été question de définir des objectifs et des indicateurs clairs, de répartir les rôles, de mettre en œuvre un mécanisme institutionnel pour le suivi et l'évaluation, mais aussi de consacrer un budget et un plan de communication précis. Cela se présente comme une vision concertée et cohérente basée sur une approche participative. Côté organisationnel, le ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi a confié la mission à un comité ministériel restreint et à celui de pilotage qui œuvrent en étroite collaboration afin d'identifier les objectifs globaux et spécifiques. Il s'agit, entre autres, de réduire progressivement le taux de chômage national à raison d'un ou deux points par an, soit un peu plus de 6% en moyenne au bout de quatre ans. La création d'emplois tout en tenant compte des spécificités de chaque région et la promotion du développement régional équitable sont aussi les grands défis à relever dans la Tunisie nouvelle. Le tout pour une nouvelle politique d'emploi. Autant de points formant six axes fédérateurs que compte ladite stratégie. Le premier axe concerne la réflexion sur un nouveau modèle de développement qui vise à booster l'emploi et faire de la région un pôle dynamique et une destination d'investissement privilégiée. Le deuxième axe porte sur la mise en place d'une nouvelle politique régionale en matière d'emploi qui opte pour l'approche d'une économie décentralisée, beaucoup plus orientée vers l'exploitation judicieuse des potentialités et des gisements dont dispose la région. Cette réforme stratégique globale doit nécessairement prendre en considération la révision du dispositif de la formation et d'enseignement, tous cycles d'éducation et d'apprentissage compris. Cela fait l'objet d'un troisième axe qui tourne autour du renforcement des capacités des ressources humaines, l'ultime but étant l'amélioration de leur employabilité. Et pour cause, l'université est appelée à s'ouvrir sur son environnement économique, à faire en sorte que la formation puisse répondre aux besoins du marché. L'axe suivant a pour point essentiel la rationalisation des relations de travail, dans le sens de préserver le droit au travail digne et décent. Ce nouveau rapport professionnel employeur-employé aurait à améliorer le rendement de l'entreprise et favoriser un climat d'affaires compétitif et encore motivant. Quant au cinquième axe, il s'intéresse à la révision des programmes actifs d'emploi et la restructuration institutionnelle, de manière à reconfigurer le ministère de l'Emploi et les administrations y relevant pour qu'ils soient au service du citoyen, là où il se trouve. L'économie informelle constitue, enfin, le dernier axe directeur de la stratégie, de par son impact indirect sur l'emploi. C'est pourquoi il sera question de définir un choix stratégique quant au traitement des répercussions des secteurs parallèles sur la protection du consommateur, les exigences de compétitivité et les conditions de travail dans ce domaine. D'où l'importance de réorganiser les secteurs non structurés et leur reclassement dans le répertoire national des métiers. Article lié : - Maâtar présente une stratégie à lancer pour le 14 janvier