• Le plan d'action pour la mise en œuvre de la stratégie nationale pour l'emploi sera proclamé le 17 décembre 2012, la date symbolique du déclenchement de la révolution des jeunes Tout compte fait, un taux de croissance de 7% permet de créer, annuellement, 110 mille emplois. Donc, il nous faut 25 ans pour écouler les 750 mille demandes de travail sur le marché ! Mais les chômeurs pourraient-ils attendre encore aussi longtemps. D'où, il est tout à fait logique que les attentes des demandeurs d'emploi soient très élevées et que leurs manifestations, qui se veulent pacifiques, risquent de déraper parfois. Hier, une dizaine de ces jeunes de la Confédération des diplômés chômeurs n'ont pas manqué l'occasion du Congrès national pour l'emploi pour revendiquer leur droit à un travail et surtout à l'égalité des chances dans les concours de recrutement pour la Fonction publique. Ce congrès, qui a été ouvert, hier, à Gammarth, et dont les activités se poursuivront jusqu'à demain, «est la résultante de quatre mois d'études, de consultations et de travail continu avec toutes la parties prenantes de ce dossier», relève le ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi, M. Abdelwaheb Maâter. En effet, les travaux de ce congrès ont pour objectif de lancer des pistes de réflexion en vue de dresser une stratégie nationale pour l'emploi et arrêter un plan d'action d'urgence pour réduire le taux de chômage. «C'est une première», a lancé le ministre. Il a rappelé que la promotion de l'emploi est une affaire nationale qui échappe à toute sensibilité politique. A cet égard, on ne cesse de rappeler qu'une dangereuse surenchère politique s'est érigée autour de ce dossier. Parfois, le thème est dénué de ses aspects économiques et sociaux. S'attardant sur ladite stratégie, le ministre a annoncé que le plan d'action pour sa mise en œuvre sera proclamé le 17 décembre 2012, la date symbolique du déclenchement de la révolution des jeunes. «Cette stratégie est de nature à libérer le cinquième des demandes du marché du travail», a-t-il précisé. Jusque-là, tous les chômeurs, diplômés ou non, hommes ou femmes, sont en situation de « stand-by ». Pour aboutir à des propositions concrètes, des workshops thématiques sont organisés pour débattre du plan d'urgence et de la stratégie nationale pour l'emploi. Du rôle de l'Etat dans l'appui à l'emploi jusqu'au rôle de la société civile, en passant par le modèle de développement et de formation, tous les axes seront mis en relief. Le représentant de la centrale ouvrière a rappelé que les résultats de l'enquête sur l'emploi de 2008 sont bien probants. «Tout a été dit, tout a été proposé, il suffit des bonnes intentions et d'un pacte national», martèle-t-il. Pour ce qui est du secteur privé, le représentant de l'Utica a recommandé la remise à niveau du dispositif de formation. De même, selon l'entrepreneur, toute approche de promotion de l'emploi doit se baser sur des études régionales et sectorielles qui permettent de promouvoir l'investissement dans les régions et les métiers du terroir. «Créer de l'emploi, c'est être à mi-chemin pour conserver les emplois actuels», précise-t-il. En effet, un climat social sain est une condition sine qua non de la relance économique. Pourtant, l'unique revendication des chômeurs et d'une large frange de travailleurs qui évoluent dans la précarité est claire et simple : un emploi décent. Et on ne cesse de rappeler à cet égard que les jeunes qui ont manifesté bien avant le 14 janvier 2011 ont crié haut, fort et en premier lieu: le droit à un poste de travail pour vivre dignement. Rien que cela. En effet, l'ancien régime l'avait compris depuis belle lurette et il n'a ménagé aucun effort pour résorber le chômage, et le porter au-devant des priorités. Mais aussi de maquiller la situation par des formes d'emplois précaires en multipliant les plans, les programmes et les mesures incitatives qui se sont avérés une simple fuite en avant. Après la révolution, la fuite en avant semble continuer. Entre l'absence d'une stratégie globale et cohérente pour la promotion de l'emploi, et l'inefficacité des timides plans d'urgence se dresse, alors, la réalité effrayante des chômeurs, de plus en plus nombreux, suite à la conjoncture difficile du pays et aux mauvaises performances de la majorité des secteurs. En contrepartie des énormes attentes des chômeurs, les différentes équipes dirigeantes ont balancé d'ambitieuses promesses. D'où, si ce n'est que par le facteur temps, le risque de la désillusion des jeunes est important. Et les chômeurs attendent encore.