Après sa dernière création Feuille de l'olivier en 2010, la danseuse chorégraphe Nawel Skandrani est de retour sur scène avec sa récente œuvre de danse contemporaine Art cé/seulement. Accompagné de l'auteur-compositeur-interprète et comédien Jawhar Basti, le duo sera sur scène aujourd'hui et demain, à la salle 4e Art à Tunis. Se considérant une artiste-citoyenne, N. Skandrani présente cette création comme un spectacle offrant «une série de témoignages personnels, issus de petites histoires, de petites résistances». Dans une note d'intention, l'artiste livre un témoignage personnel sur le Corps et son enjeu socio-culturel qui dérange. «En Tunisie, en 1956, date qui sonne le glas du Protectorat français et l'avènement de l'Indépendance, de rares écoles de ballet proposent des cours privés de danse classique à la communauté européenne et à quelques jeunes filles de la bourgeoisie tunisoise. Il faudra attendre quelques années pour que naisse le Conservatoire national de musique et de danse de la Ville de Tunis, aujourd'hui disparu», témoigne-t-elle. Entre l'implicite et l'explicite Pendant plus de trente années d'existence, le conservatoire forme, en amont, des centaines de «futures» danseuses, majoritairement tunisiennes, en l'absence de structures professionnelles. Ainsi, et malgré l'investissement structurel et financier de l'Etat, l'enseignement de la danse reste confiné à une activité extra-scolaire. Cette situation résume, selon elle, «l'état d'esprit de la grande majorité de la société tunisienne à l'égard de la danse: dans l'explicite, la pratique est ‘‘tolérée'' jusqu'à un certain âge, exclusivement pour les jeunes filles; dans l'implicite, la danse ne peut en aucun cas prétendre être un métier respectable et respecté». Elle n'est du reste même pas envisagée «comme un métier artistique, à l'instar du théâtre ou de la musique». Grâce à des initiatives isolées, l'art chorégraphique contemporain voit le jour vers le milieu des années 80. «Le théâtre contribue, sans le savoir ou le vouloir, à l'implantation et à la vulgarisation de l'art chorégraphique. La nouvelle génération de metteurs en scène, explore le corps de l'acteur en tentant de le libérer, d'en faire le centre des énergies et de l'émotion», témoigne-t-elle.