Denes Assaâd aura, en définitive, offert à son jeune public tunisien une heure de vrai spectacle, avec de l'improvisation en sus, une heure faite de leçons, de rêves et de magie. Sur le chemin qui y emmène, il y avait, lundi dernier, un grand nombre d'enfants de différents âges qui se dirigeaient, accompagnés par leurs mamans, vers le club culturel Tahar-Haddad à la Médina. Il y en avait d'autres qui faisaient déjà la queue, à l'entrée. Curieux, ils sont venus découvrir et écouter les merveilleux contes de jadis, assurés par la conteuse Denes Assaâd, venue spécialement de la Palestine pour nous épater avec ses histoires originales, puisées dans le patrimoine populaire et de résistance de ce pays. Des contes à morale, d'autres simplement divertissants et amusants ont ainsi meublé la fin du premier jour des vacances hivernales. Dans une ambiance qui nous renvoie à la magie des Mille et Une Nuits et une lumière tamisée, les enfants assis par terre, dans la grande salle du club, entouraient la conteuse qui, habillée d'une longue robe brodée à la palestinienne, a chaviré le cœur de ces chérubins et les a tenus en haleine. En recourant à des mots du dialecte tunisien, pour faciliter la compréhension et la communication, elle a créé une certaine interaction et même une sorte de communion avec son auditoire. Au fil de ses contes, elle posait parfois des questions, une manière d'aiguiser l'attention et d'interpeller la réflexion chez les enfants, de stimuler leur imagination, aussi. Des questions-réponses, donc, mais des chants populaires, également, pour faire passer autant les anecdotes que les messages. Son premier conte, intitulé Le lapin, se veut un hommage aux enfants du combat éternel pour la libération de la Palestine blessée, ces enfants qui, malgré tout, gardent l'espoir de retrouver, un jour, leur pays spolié. Puis changement de registre; l'ambiance devient festive et divertissante, Denes chante et danse, tout en racontant. Elle nous décrit l'ambiance dans les cérémonies traditionnelles de mariage, notamment dans les contes du Coq à la voix haute, de La fourmi et la cigale, de L'oiseau, le pigeon et l'âne. Des histoires qui , à part leur côté distractif, font valoir les valeurs du labeur, de l'entraide, de la solidarité... Dans les récits de cette dame palestinienne, il y avait de tout, les ambiances fabuleuses, la morale, les proverbes et les maximes. Commençant à chaque conte par la phrase typique «il était une fois», elle a réussi à attirer l'attention des enfants, susciter le rire, titiller la curiosité et «monter», à force d'hyperboles et d'images, des univers magiques. Chaïma, une enfant de douze ans, suivait avec une grande attention les contes. Elle nous a avoué que le dernier conte, celui des Trois amis, l'oiseau, le pigeon et l'âne, l'a beaucoup marquée. Le dialecte palestinien n'ayant pas été un obstacle pour la compréhension et la communication, elle a bien tiré la morale de l'histoire : «si tu ne fournis pas d'effort pour avoir ce que tu désires, tu ne l'auras jamais». C'est, en effet, un conte qui a un double objectif; faire connaître la culture populaire et connaître une leçon de la vie. Un conte riche qui raconte la révolte, le combat et l'espoir. «Cela m'a beaucoup plu et c'était magnifique», résumera Chaïma. Denes Assaâd aura, en définitive, offert à son jeune public tunisien une heure de vrai spectacle, avec de l'improvisation en sus, une heure faite de leçons, de rêves et de magie.