Le coup d'envoi de la 27e session du Festival international du film amateur de Kélibia (Fifak) a été donné, dimanche dernier, au théâtre de plein air, avec plus d'une heure de retard. Impatient, le fort nombreux public commençait à se lasser de voir le groupe de la chanteuse Badiâa Bouhrizi, à qui a échu l'honneur d'ouvrir le bal, faire la balance. Après donc une attente interminable, Mondher Kalaï, animateur de presque toutes les sessions du Fifak, est monté à la tribune pour présenter le programme de la soirée composé de trois parties : le ballet des allocutions officielles, le concert et, enfin, la projection de trois courts métrages du Maroc, d'Iran et du Portugal. Lors du premier volet dédié aux allocutions, Khalil Gobji, directeur de cette 27e édition, a notamment indiqué que la présente session coïncide avec le cinquantième anniversaire de la Fédération tunisienne des cinéastes amateurs (Ftca), organisatrice de la manifestation en collaboration avec le ministère de la Culture et la municipalité de Kélibia, soulignant par ailleurs que la moyenne d'âge de cette catégorie de cinéastes ne dépasse pas les 25 ans. Véritable creuset qui a vu naître et s'affirmer de grands cinéastes, le Fifak continue à attirer les anciens de la Ftca, dont la tâche consiste à promouvoir un cinéma amateur créatif et indépendant. A son tour, Ridha Znina, maire de Kélibia, et lui-même ancien cinéaste amateur, s'est engagé à soutenir davantage cette manifestation, qu'il considère comme «le petit festival de Cannes». Pour sa part, Mahmoud Jaballah, gouverneur de Nabeul, a annoncé le démarrage officiel de la 27e session. La deuxième partie de la soirée a été assurée par la chanteuse Badiaâ Bouhrizi, chanteuse engagée en vogue qui ne cesse de prendre de l'élan d'un concert à l'autre. Munie de sa guitare et de sa voix suave et fluette à la Joan Baez, elle a interprété quelques-unes de ses chansons récentes dont Labess, Salem, Salem, deux textes de Noureddine Ouerghi: Ya3in Bidama3 Nouhi et Nadi Al Hifa et un refrain de Cheikh Saghir des Colombes Blanches. Deux de ses frères ont chanté du rap. A la fin du concert qui a duré plus d'une heure, le public a ovationné chaleureusement la chanteuse. L'Iran, encore et toujours Enfin, place a été faite à la projection des films. Le premier, Courte vie du réalisateur marocain Adil Fadili, est un morceau de bravoure. Le personnage principal (Zhar) raconte sa vie à la fois dramatique et rocambolesque. Sa mère était morte lors de son accouchement, il a grandi entre une prostituée et une voyante. Mauvais élève à l'école, il finit par abandonner les études et à se consacrer au travail. La femme qu'il voulait épouser est morte au cours d'un accident de la route. Il comprend que la chance n'est pas de son côté et se remet à la religion. Les « Frères » le prennent en charge. Il se retrouve au front en Afghanistan. Devenu cul de jatte, il continue à avoir espoir en la vie et tente de donner à son fils une éducation moins contraignante. The sound of rain (le bruit de la pluie), de l'Iranien Jalel Saedpanah, est un beau conte symbolique qui raconte l'histoire d'un éleveur d'oiseaux qui se retrouve enfermé à son tour dans sa cabane. Il demande à un jeune trisomique de le délivrer. Très touchant, le film, tout en étant réaliste dans sa forme, transcende le réel pour nous offrir un petit poème à la fois visuel et sonore sur la notion d'enfermement et de liberté. Décidément, le cinéma iranien continue à nous offrir des leçons de cinéma et de vie absolument magnifiques. Quant au troisième film, Cold water (eau froide), le documentaire du Portugais Pedro Nevers, il a pour thème la procession de la Madone, un rituel qui existe même chez nous, particulièrement à La Goulette, où à la mi-août, enfants et adultes doivent se baigner dans la mer autant de fois que possible pour rester en bonne santé durant tout l'hiver. Le film montre cette pratique dans une des régions du Portugal. Rappelons qu'aujourd'hui, démarreront les compétitions (internationale, nationale et écoles). S'ensuivra une soirée intitulée «Cinéma de quartiers de Dakar». Bon festival!