Elle s'appelle Fatma Haddi; une artiste en herbe en deuxième année master de Beaux-Arts. Elle est venue apporter au vernissage de l'exposition un air artistique nouveau. Il s'agit d'une performance de peinture réalisée en présence du public, ayant pour moyens créatifs la triptique du corps, de la peinture et de la toile. « C'est ma manière de m'exprimer, à travers mon corps, en public, en faveur d'une œuvre d'art. Pour moi, le corps est à la fois un support et un acteur indispensable à l'œuvre artistique. Il joue donc le rôle de créateur de l'œuvre plastique. Le pinceau s'avère ainsi un matériel complètement inutile, en comparaison avec le potentiel artistique du corps humain», explique-t-elle. Fatma Haddi s'impatiente afin de réussir sa performance. Debout, face à ce cube en toile où elle a pris soin de placer ses boîtes remplies de peintures de toutes les couleurs, elle attend la résonance des premières notes musicales lui permettant de s'inspirer et de traduire ses émotions sur la surface blanche d'une toile close. La musique monte; une symphonie qui éveille des émotions fortes d'un projet qui tend à venir au monde. Munie de peintures diverses, animée par cette musique — cet autre support artistique —, elle livre ses émotions, pendant près de dix minutes. «L'Homme naît entre 7 et 9 mois de grossesse. Tout comme l'être humain, l'œuvre artistique suit le rythme naturel de la vie», souligne-t-elle. Déjà, la toile semble emprunter des couleurs audacieuses et des formes imprévisibles. La performance prend fin. Le peintre ouvre enfin le cube de toile, dévoilant le message que son corps a voulu transmettre au public; un public impressionné et conquis.