Un entraîneur en détresse, un ex-abonné des télés en mal d'écran, un présentateur qui s'excuse à chaque phrase d'être là, et un réalisateur sous haute influence : voilà ce que nous a offert et ce que nous offrira encore pour un bon bout de temps l'émission du dimanche soir sur Al Watania 1. Une émission qui s'est transformée, au vu et au su de tout le monde, en un procès pour un journaliste qui a eu le courage de dire —bien avant la finale de la Champion's League (déjà à l'aller contre Mazembe)— que l'Espérance n'ira pas très loin avec son armada de pivots défensifs et son catenaccio à l'italienne. Ni plus, ni moins. Ce scénario s'étant malheureusement vérifié (ce n'était pas très difficile à deviner et si les «consultants», qui squattent nos plateaux de télévision, ont eu l'honnêteté de le dire, l'Espérance n'en serait peut-être pas là!), il fallait bien un bouc émissaire et une solution a vite été trouvée : tirez sur le journaliste! Nous vous épargnons toute la littérature et les «tirs ennemis» à un moment où la presse sportive essaie de retrouver unité, solidarité et crédibilité... Mais revenons plutôt à nos moutons. La mise en scène était aussi parfaite que pitoyable : un entraîneur qui daigne, enfin, apparaître dans une émission qu'il a décidé de boycotter, un présentateur tout heureux d'avoir son «scoop», un producteur qui obéit à ses «patrons» et, enfin, un apprenti-sorcier qu'on ressort de la naphtaline pour débiter un vieux discours démagogique . Comme pour faire oublier une signature au bas d'un manifeste infâme... Tout cela pour dire que, deux ans après la révolution, le sport en est encore aux tabous, aux non-dits, aux jeux d'influence, aux compromis et aux compromissions. Quand une émission de télé est sous les ordres, quand un spot est en otage (regardez ce qui se passe au Cnot, examinez bien la liste des membres et des candidats et vous retrouvez les mêmes noms qui ont fait acte d'allégeance à Slim Chiboub, et qu'ils ont été et qu'ils sont encore responsables de la perte du sport), et quand un journaliste dérange au point qu'on complote pour l'éliminer et le faire taire, il y a de quoi se poser des questions. Ce n'est pas pour autant qu'on baissera les bras.