En rendant visite à l'Equipe Nationale pendant son stage à Sousse, le ministre des Sports, M. Samir Laabidi a relevé un enthousiasme débordant chez nos internationaux et une grande détermination à défier le Nigeria dans son fief à Abuja. Or, dans toute cette effusion sentimentale et patriotique que retient une certaine presse? Les primes promises aux joueurs en cas de victoire! Où en est-on des approches médiatiques autour de l'Equipe Nationale d'antan? Où en est-on encore de cette fantastique osmose des nuits douces de février 2004, alors que le triomphe africain nous tendait les bras? Alors qu'au Nigeria des manchettes cannibales carnassières, sanguinaires et pour tout dire guerrières appellent leurs joueurs à "bouffer du tunisien", chez nous, au départ d'une équipe qui va souffrir à Abuja, tout est pâteux, mou, emprunté et ni les programmes sportifs ni encore les autres médias ne jouent leur rôle catalyseur auprès des Tunisiens. Peut-être bien que le stage de Sousse a éloigné la sélection de l'épicentre de ses supports affectifs. Peut-être aussi que les huis clos aux entraînements par Coelho ont érigé un mur d'indifférence, comme si, à l'ère de l'Internet, les Nigérians ne connaissaient pas nos qualités et nos défauts et nous les leurs. Peut-être bien, en fait… Il reste que puisque le match ne sera pas retransmis à la télé, il n'y a donc pas de spots annonciateurs de l'événement puisque le plus clair des retransmissions est consacré à la bouffe. Et comme frappés d'apathie, nous autres journalistes, avons choisi la politique du moindre effort, nous contentant de clichés qui n'émeuvent plus personne. Dimanche, nos joueurs évolueront dans un contexte hostile, guerrier même. Notre Ambassadeur à Lagos, Moncef Gouja, a demandé aux autorités nigérianes davantage de sécurité autour du Sheraton où logera la sélection, car on a l'habitude des pratiques et des sortilèges auxquels se prêtent les apprentis-sorciers autours de l'adversaire. Soixante mille Nigerians ont acheté leurs billets. Soixante mille autre feront des pieds et des mains pour entrer au stade. Dimanche à 17H dans la fournaise d'Abuja nos bonshommes livreront bataille, alors que, nous ici, feront des entourloupettes pour voir le match sur ART. Que pouvons-nous faire, sinon croiser les doigts? Et s'ils gagnent, ayons la décence de ne pas leur voler leur triomphe… et leurs souffrances.