Qu'a-t-on-fait concrètement pour le développement des régions sombrant encore dans la panade? Sommes-nous sur la bonne voie, d'ailleurs? Au vu, de ce stagnant état des lieux et de ces incessantes agitations secouant la plupart des zones défavorisées, il faut reconnaître que deux années après la révolution du 14 janvier, le bilan est peu satisfaisant pour ne pas dire décevant. Développement régional, ça traine donc dans les discours des uns et des autres, sans pour autant procéder à jeter les fondements y afférents. Toujours est-il que cette urgence économique et sociale ne doit pas rester coincée dans le verbe politique. L'adage : celui qui veut aller loin n'a qu'à ménager sa monture. Autrement,-si l'on continue à ignorer à fond la vraie question qui se pose- le temps se prendra sans doute, encore une fois, au tragique. Inutile de revenir sur un brouhaha politique qui ne fait qu'enfoncer le clou. Car le fait est accompli. C'est que l'on est encore au degré zéro du développement régional. Lequel développement régional a besoin d'initiatives réelles et de faits concrets. Il y a ainsi lieu de noter que les produits de terroir pourraient être un important vecteur pour l'essor des régions, tel est le cas dans plusieurs pays européens et chez certains voisins. En réalisant que l'ensemble des zones démunies sont à dominante agricole, il convient d'admettre que la valorisation des produits agricoles et agro-industriels de terroir est un choix irréfutable. Surtout que le marché se développe dans le monde entier. D'autant plus que chacune de nos régions regorge d'une diversité de produits qui pourraient générer des opportunités économiques et sociales pour le pays. Les régions de Thala (Kasserine) de Sidi Amor Bouhajla et d'El Ala (Kairouan) cultivent des centaines d'hectares de cactus produisant la figue de barbarie. Un produit dont la consommation en vrac ou sous forme d'huile est de plus en plus croissante dans les quatre coins du globe. La région de Jebba (Jendouba) est connue par sa figue suscitant, d'une façon remarquable, l'engouement des consommateurs européens. Qui dit gouvernorat de Gabès dit grenades, etc. Ces produits qualifiés d'authentiques, puisqu'ils mobilisent des ressources naturelles et agro-climatiques, sont à valoriser en en faisant le noyau dur de plusieurs complexes et entreprises industrielles dans les régions concernées. Afin de garantir une bonne commercialisation des produits de terroir dont on parle, les mesures de qualité et de sécurité sanitaire doivent être rigoureusement respectées. Dans la même perspective, en termes d'étiquetage, on n'a qu'à utiliser des signes distinctifs, tel que l'appellation d'origine contrôlée (AOC). Car ce signe, reconnu officiellement, garantit un savoir-faire local, des compétences régionales transmises de génération en génération et se veut comme un certificat d'origine suscitant l'engouement des consommateurs. Force est de constater, par ailleurs, qu'alors que chez nous les produits de terroir sont mal exploités, en France, le marché s'y rapportant réalise un chiffre d'affaires de près de 25 milliards d'euros avec un taux de croissance de 5 à 10%. De même que les entreprises françaises se sont organisées en réseaux et groupements afin de faciliter l'accès à ces produits et de se rapprocher davantage du consommateur. Au Québec (Canada) également, les produits de terroir sont en plein essor. On y voit l'émergence d'entreprises et d'industries qui s'intéressent à ce marché et à la mise en place de stratégies afin de promouvoir ce secteur. En outre, afin de résoudre la question de crédibilité liée aux produits régionaux et au terroir, les Canadiens ont mis en place un système de labels permettant de protéger et de restreindre efficacement l'usage de certaines dénominations comme «terroir», «fermier», etc. Parmi les produits de terroir typiquement canadiens, on trouve, entre autres, le fromage pied-de-vent, fabriqué à partir de vaches de race typiquement canadienne et l'agneau des près-salés de l'Ile verte. A quand chez nous, du reste, des jus et des confitures de figue de barbarie, des huiles de grenades et des savons et autres produits cosmétiques à base d'huile d'olive avec un label tunisien alliant qualité et originalité ? Les horizons auraient été plus étroits n'eût été l'espoir ! Un espoir qui a besoin de travail et de volonté pour se concrétiser, bien évidemment.