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Bien adapter les programmes à chaque environnement régional
Opinions : Investissement
Publié dans La Presse de Tunisie le 06 - 01 - 2013


Par Moncef KHEZAMI*
Pour tout dire sur l'œuvre grandiose entreprise par Bourguiba et qui ne devrait pas être oubliée lors de la conception du nouveau modèle de croissance économique, il est inconcevable de ne pas évoquer l'acte de l'émancipation de la femme et l'élaboration du Code du statut personnel réalisé à un moment crucial de l'histoire de la constitution de la République: traditions bien ancrées dans une société à majorité d'analphabètes. Ce code dont la promulgation est faite le 13 août 1956 bien avant la proclamation de la République le 25 juillet 1957 montre à quel point le premier leader tunisien attache une importance capitale à la contribution de cinquante et un pour cent 51% (taux mondialement reconnu) de la population tunisienne constituée de femmes dans le développement économique du pays, qui ne peut pas en toute logique être ignorée. En voilà un point de vue d'avant-garde qui a échappé à plusieurs politiciens de l'époque.
La République concerne à la fois hommes et femmes.
Un modèle de croissance économique qui ne prendrait pas en charge cet élément ou cette variable est voué à l'échec sans aucun doute.
Inadéquation des choix et déséquilibre régional
Malgré la perspicacité et la clairvoyance du Combattant suprême, comme on l'appelait à l'époque, qui somme toute l'ont distingué de ses contemporains, les choix économiques qui ont été faits n'ont pas été dans la majorité des cas judicieux de telle sorte que l'économie tunisienne en a bien souffert et en souffre encore. Les raisons de ces choix inadaptés aux conditions prévalant réellement sur le terrain et de certaines décisions prises à la hâte soit pour des raisons politiques qui ne cadrent pas avec la réalité des choses ou des principes insensés et irrationnels dans certaines situations, soit pour profiter de la confiance des premiers décideurs. Dans tous ces cas, les résultats ne sauraient être à la hauteur des espérances des citoyens.
Cet état de fait a mené le pays à un déséquilibre régional flagrant l'ayant scindé en deux zones : des régions situées proches du littoral bien nanties en infrastructures de base et en unités économiques (hôtels, usines, etc.) et des régions se trouvant à l'intérieur du pays démunies des principales commodités essentielles et du minimum incompressible de la vie courante.
Même à l'intérieur des zones favorisées, les options choisies pour le développement économique ne s'intègrent pas parfaitement dans la majorité des cas avec l'environnement général : manque de main-d'œuvre qualifiée, de matières premières, etc, ce qui en toute logique influe directement sur le prix de revient.
Construire des stations balnéaires luxueuses dans un environnement moyen et pour un segment de clientèle d'un niveau modeste si ce n'est pas médiocre revient à gaspiller des deniers dont notre pays avait besoin pour les fructifier ailleurs dans des projets (Labor intensif) utilisant la main-d'œuvre locale et faisant ramener le taux de chômage à des niveaux raisonnables.
Tel est le cas aussi des projets de prestige consistant à construire certaines usines là où ils ne peuvent pas apporter un plus à l'économie et n'assurent pas la maîtrise du prix de revient, ce qui influe directement sur la pérennité de telles actions qui, en toute circonstance, n'arrivent pas à supporter la concurrence.
C'est sur de tels éléments et autres qu'il faut se pencher et cogiter pour enfin concevoir des solutions adéquates et bien adaptées.
A ce niveau et avant de passer à des sujets d'acuité, j'aimerais attirer l'attention de nos honorables lecteurs sur cette confusion soutenue par ignorance ou par inadvertance par nos illustres politiciens sur le concept de modèle de croissance économique. Tous parlent de ce concept à la moindre occasion comme s'ils sont tous devenus des J.K. Arrow ou des Bruno et Chenery ou John Hicks ou Robert Solow, alors qu'en réalité ils n'en connaissent que le nom. Alors, soyons réalistes et que chacun s'occupe du pain sur sa planche!!!
Rectifier les choix dans les zones littorales
Sans risque de nous tromper et en toute âme et conscience, nous admettons que ce travail de base est de longue haleine et doit être accompli de façon rigoureuse. L'espoir de voir une telle œuvre accomplie dans l'immédiat ne peut être qu'utopique et celui qui cherche à le nourrir ne fait que tromper la population en lui présentant réellement un discours politique visant à mobiliser le maximum d'électeurs.
Non seulement les disparités entre les régions sont flagrantes pour éviter de les qualifier de criminelles mais aussi à l'intérieur même des zones développées, nous notons une inadaptabilité effrayante entre ce qui est nécessaire et ce qui est réalisé, ce qui laisse entrevoir une grande autoroute empruntée dans le passé pour détourner les deniers de la nation au profit d'une partie de la classe qui se prend pour celle de promoteurs.
Voilà une réalité à dévoiler !
Le cas frappant est celui du secteur du tourisme qui a donné naissance dès les années 1970 à une nouvelle bourgeoisie ayant profité convenablement des circonstances propices sans pour autant entraîner l'économie tunisienne de façon adéquate.
Les statistiques en témoignent.
Des entités touristiques ont été réalisées à des coûts élevés et avec un autofinancement dérisoire ne dépassant pas dans la plupart des cas 1/20e de l'investissement de base qui est en plus surestimé. L'ardoise représentant la différence a été supportée par les institutions financières qui se sont trouvées en fin de compte avec des impayés difficiles, voire impossible, à recouvrer normalement.
A noter également que dans la majeure partie des cas, les investisseurs dans le tourisme ne sont pas des professionnels mais des propriétaires fonciers reconvertis en investisseurs dans ce secteur afin de profiter des avantages fiscaux et financiers. Ils ignoraient les véritable règles du jeu et les besoins réels, ce qui a accéléré l'échec de ces entités dans un environnement complexes où les tour-opérateurs (des véritables professionnels) détiennent toutes les ficelles et imposent leurs conditions draconiennes.
C'est là que le bât blesse
Les investissements de base et le choix des options n'ont pas été faits de façon rationnelle. On construit des hôtels de luxe avec toutes les commodités pour un segment de clientèle qui se trouve juste au- dessus du seuil de pauvreté dans leur pays, ce qui ne cadre pas, avec le bon sens. Cela ne s'arrête pas à ce niveau, nos hôteliers se hasardent encore à leur offrir des extras à des prix faramineux, ce qui incite ces touristes démunis à remplir leur sac des articles du buffet pour les échanger contre des bouteille d'eau ou de jus au magasin du coin.
C'e sont ces pratiques qu'il faut éradiquer et remplacer par de nouvelles procédures adéquates.
La situation dans le secteur industriel n'a pas été plus encourageante malgré l'adoption de lois avantageuses pour encourager les investisseurs et plus particulièrement le partenariat.
Le but recherché à travers cette politique est d'encourager l'emploi de la main-d'œuvre locale pour réduire le chômage, surtout après la baisse remarquable de la demande de la main-d'œuvre non qualifiée par les pays européens dès le début des années soixante-dix. Si le gouvernement Nouira a réussi à anticiper cette tendance à temps, il a essuyé un échec lamentable quant à l'encouragement du transfert technologique vers la Tunisie malgré les faveurs fiscales accordées.
En effet et contrairement à nos attentes, ce sont les entreprises en difficulté, voire en faillite en Europe, qui sont venues installer en Tunisie leur matériel obsolète et utiliser des technologies anciennes devenues non compétitives, ce qui n'a pas permis à la Tunisie de s'ouvrir sur les marchés extérieurs.
Au niveau de l'effort local, les résultats obtenus ont également été en deçà de ce qui est escompté.
Les industries créées à l'époque, hormis celle du textile, par des anciens commerçants reconvertis sans préalable en industriels n'ayant aucune vision futuriste et ne maîtrisant pas les règles rigoureuses de l'organisation industrielle n'ont fait qu'empirer une situation déjà difficile : prix élevé et qualité médiocre.
Ce dont la Tunisie avait besoin à cette époque, ce sont des vrais industriels ou entrepreneurs au sens de Joseph Schumpeter. Cette condition n'aurait pas été impossible ou difficile à remplir si des efforts pour réaliser des circonstances propices avaient été fournis.
En effet, nos universités et écoles supérieures sont restées loin des réalités des besoins du marché du travail.
Voilà aussi une réalité à ne pas oublier
Il apparaît de ce qui précède que la tâche consistant à concevoir un nouveau type de modèle de croissance économique ne sera pas très aisée et n'est pas à la portée de tout économiste ou économètre.
L'analyse détaillée de toutes les décisions prises auparavant et constituant le soubassement de notre économie est d'un intérêt certain. Les solutions à apporter à la lumière des réalités qui auraient été précisées et soigneusement décrites pour adapter l'existant au nécessaire, c'est le défi à relever donnant une idée concise sur le degré de réussite du choix du modèle.
Cette tâche concerne en premier lieu et presque exclusivement les régions ayant bénéficié des investissements lourds qui auraient dû en tout état de cause entraîner les autres régions démunies.
Puisque ce n'est pas le cas, il est impératif de rectifier le tir et ramener, en première étape, chaque action entreprise dans le passé à sa juste proportion afin d'améliorer son rendement.
Il est inutile de continuer sur la même lancée dans les mêmes créneaux de manière à enfoncer encore plus les entités économiques dans l'inefficacité et l'inefficience.
Les solutions à rechercher doivent permettre de combler les lacunes et remédier rigoureusement aux faiblesses constatées. Telle est l'action d'envergure à entreprendre de façon à éviter le phénomène de regret dont nous avons souffert et nous souffrons encore.
Notre économie a tant supporté le fardeau des décisions inadéquates en matière de réalisation de projets et continue même après le 14 janvier et le 23 octobre 2011.
En passant par la route Z4 vous constatez par vous-même qu'aucun changement en matière de rationalisation des investissements publics n'a été fait malgré le soulèvement de la population puisque le ministère de l'Equipement reprend les travaux d'un projet qui vient d'être à peine achevé. C'est le cas typique du gaspillage des deniers publics. Nos ingénieurs n'ont-ils pas bien dimensionné leur projet initial sur la base des statistiques des flux de véhicules qui transitent par cette voie? A mon sens c'est la question qui peut révéler tant de réalités que nous ignorons et que certains continuent à nous cacher sciemment.
Plusieurs autres projets connaissent le même sort, ce qui pèse lourd sur les finances de l'Etat. Où sommes-nous alors de l'efficacité ? Certainement pas proche d'elle !
Cela ne laisse que peu de moyens financiers pour mettre en valeur les richesses des villes intérieures de façon raisonnable et adéquate.
Voilà où l'apport des vrais planificateurs de projets est d'une immense utilité pour barrer la route aux mal-faiseurs et combien ils sont nombreux dans ce petit pays !
Commençons alors par le vrai point de départ avant d'alourdir la charge du pays par des emprunts dont le coût de capital est élevé. Une telle vérité ne doit pas échapper à notre illustre économiste gouverneur de la Banque centrale.
Choisir les meilleures opportunités adéquates pour les régions démunies
Il va sans dire que la tâche essentielle qui sera à la charge de ceux qui assumeront la responsabilité historique de concevoir un nouveau modèle de croissance économique est de bien cibler le sentier à choisir pour réaliser les objectifs tant attendus par la population tunisienne.
La tâche ne sera pas facile à entreprendre surtout dans un environnement où la fiabilité des données n'est point de rigueur pour ne pas dire carrément absente. Il n'est également pas exclu que les valeurs de variables à étudier ne reflètent point la réalité mais plutôt l'orientation de ceux qui cherchent autre chose que le bien de l'économie nationale.
Chaque partie de la communauté civile prétend détenir la vérité et posséder la solution miracle de la croissance et par suite du développement.
Dans cette situation, il est inutile d'avancer si les concepteurs du modèle ne se mettent pas à l'abri des enjeux politiques.
Les seuls éléments à prendre en considération sont, en suis-je bien intimement convaincu, ceux qui seront collectés dans chaque secteur et chaque région par des scientifiques pouvant bien faire la distinction entre conviction politique (aspect qualitatif) et intérêt économique (aspect quantitatif) et n'ayant pas des programmes et idées prédéfinies.
Seule l'évaluation de l'opportunité des stratégies doit en fin de compte l'emporter sur toute autre considération.
Me diriez-vous qu'une telle condition est difficile à remplir comme celles de la concurrence pure et parfaite !
A ma modeste connaissance, un scientifique qui se respecte sait utiliser sa science indépendamment de ses convictions personnelles sans essayer d'arrondir les résultats et falsifier les conclusions.
C'est ce genre d'expert qu'il est nécessaire de faire participer à cette œuvre historique. Le contraire serait de jeter la poudre aux yeux sans plus.
Je suis obligé de rappeler ces principes à un moment où on ne sait plus à quel saint se vouer ou plutôt à quel cheikh se fier.
Les variables à étudier de près dans chaque région pour concevoir un type de modèle de croissance typiquement tunisien qui cadre parfaitement avec notre réalité sont d'une complexité certaine. Le suivi de ces variables dans le passé n'a été fait que partiellement et de façon biaisée, ce qui représente un handicap certain.
Il reste cependant que de nos jours la volonté existe de mettre en exergue toutes les vérités afin de ne pas se tromper de choix. C'est la première condition d'un véritable diagnostic permettant de mettre le doigt sur aussi bien les points forts que les points faibles. Une telle phase est d'une utilité certaine pour circonscrire le domaine des solutions possibles répondant exactement aux besoins de chaque zone.
Il n'y aurait plus de place pour les projets de prestige n'apportant aucun plus pour les habitants en premier lieu et l'économie nationale en même temps.
C'est par là que commence la croissance équilibrée construite de bas vers le haut et non le contraire.
Les interactions positives qui peuvent exister entre les régions doivent obligatoirement être prises en compte pour animer le processus d'entraînement.
De cette manière, un investissement réalisé dans une localité peut être bénéfique pour une autre voisine et on aura fait d'une seule action deux coups.
En raison du manque d'épargne locale suffisante et du coût de capital élevé, il est de notre devoir de nous mettre à l'abri des mauvais choix. C'est notre destin et le défi à relever.


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