«On doit viser un nivellement par le haut de nos exportations, notamment par le développement de nouvelles lignes de produits», précise l'expert. Le pacte social est un concentré d'orientations et de principes économiques et sociaux qui visent à instaurer un modèle économique performant et équitable. Dès lors, il convient de se référer aux experts économiques afin d'apporter de plus amples détails sur les principaux titres du contrat social. A cet effet, M. Moez Joudi, expert international en gouvernance, précise qu'il n'y a pas de baguette magique pour réaliser une croissance économique forte et soutenue, mais il est grand temps pour engager les réformes et les plans structurés. Dans cette optique, le pacte social figure parmi les composantes d'une nouvelle stratégie économique et sociale. Pour le premier titre du contrat social intitulé la croissance économique et le développement régional, l'expert rappelle : «Les moteurs de la croissance sont bien connus, à savoir l'investissement, la consommation et le commerce extérieur». En effet, le rythme de la croissance économique est tributaire du rendement de ces moteurs. Et d'ajouter: «Le quatrième moteur, l'innovation, est aussi à développer». A l'heure actuelle, force est de constater que les moteurs de croissance sont calés. «Pour les investissements, on ne parle que des intentions, le pouvoir d'achat des consommateurs ne cesse de se dégrader, et au niveau de la balance commerciale, on affiche un déficit record», déplore-t-il. Ainsi, pour assurer les taux de croissance projetés, l'expert met l'accent sur la nécessité de réunir les conditions et les préalables favorables aux affaires. Il énumère: «La stabilité politique, la sécurité, l'infrastructure et la confiance». Dans cette perspective, toute politique, contrat ou pacte, qui vise la stimulation des investissements, devrait prendre en considération ces conditions. La réforme profonde du code d'investissement, tant convoitée, «ne doit plus tarder», selon l'expert. De même, «il faut donner de la visibilité et de la sécurité aux investisseurs», insiste-t-il. Par ailleurs, il rappelle qu'il convient d'avancer rapidement dans les restructuration pour échapper aux dégradations des agences de notation qui considèrent, désormais, la Tunisie comme un pays à risque. Pour le deuxième moteur, la consommation, il estime qu'«avec un taux d'inflation de 5,5% et des salaires qui n'évoluent pas au même rythme, le pouvoir d'achat subit une dégradation continue». Pis, les mesures restrictives de la Banque centrale de Tunisie freineraient le rythme de la consommation. De même, «la loi de finances ne prévoit aucune mesure en faveur de la consommation», remarque-t-il. Ainsi, la révision des revenus des travailleurs serait probablement l'un des points saillants du contrat social, voire le point le plus controversé. S'attardant sur le troisième moteur de croissance, le commerce extérieur, il remarque que le déficit de la balance commerciale a doublé en deux ans pour atteindre plus de 10 milliards de dinars. Dans cette perspective, l'encadrement des exportateurs et le renforcement de la productivité des entreprises exportatrices devraient figurer au premier rang des priorités. «On doit viser un nivellement par le haut de nos exportations, notamment par le développement de nouvelles lignes de produits», relève-t-il. S'agissant du développement régional, il préconise d'entreprendre de grands projets dans le cadre d'un partenariat public-privé afin de stimuler les investisseurs privés et canaliser les investissements vers les régions. Pour le titre des politiques d'emploi et de formation professionnelle, l'expert précise : «On n'a pas un problème de chômage dans l'absolu mais on souffre plutôt de la faible improbabilité des demandeurs d'emploi». Et d'ajouter: « Plusieurs grands groupes d'entreprises recherchent en vain des profils spécifiques, habilités à leurs activités ». En l'absence de formations métier et d'études en alternance, renchérit-il, l'université continuerait à produire des chômeurs. A cet égard, le rôle des partenaires du contrat social est prépondérant pour l'adaptation des profils aux nouvelles exigences du marché. Et la tutelle, pour sa part, doit veiller à la compatibilité des formations aux besoins des entreprises. Ainsi, il conclut : «Il faut développer des compétences pour les nouveaux métiers et recycler les profils existants pour les placer dans les gisements d'emplois». S'attardant sur le titre de la couverture sociale, l'expert a déploré l'absence d'affiliation aux caisses sociales d'une large frange de travailleurs dans plusieurs secteurs et l'absence de couverture dans le secteur informel. «Malheureusement, l'économie souterraine ne cesse de prendre de l'ampleur», prévient-il. Et de proposer : «Il faut trouver des solutions pour encadrer ces acteurs vers le secteur formel».