Présentation des expériences de l'Anad et de l'Atupret La lutte contre le phénomène de dépendance en milieu scolaire vis-à-vis du tabac, de l'alcool, des produits dopants et des drogues, est un combat qui nécessite un effort conjoint entre plusieurs parties. Une stratégie nationale sera élaborée une fois qu'un état des lieux précis sera établi. Pendant ce temps, certains organismes publics et autres non gouvernementaux continuent leurs activités sur terrain dans le cadre de cette lutte. Cas de l'Agence nationale antidopage (Anad) et de l'Association tunisienne de prévention de la toxicomanie (Atupret) A l'occasion de la première journée d'étude sur la lutte contre la dépendance en milieu scolaire, le 10 janvier 2013, le Pr Nabil Ben Salah a présenté les résultats d'une étude publiée en 2008 selon laquelle 8,3% des enfants scolarisés âgés de 13 à 15 ans sont des fumeurs réguliers. Une autre étude, qui remonte à l'année 2000, montre que 1/5e des enfants âgés de 12 à 20 ans ont déjà bu de l'alcool. 10% des adolescents de 15 à 24 ans se sont drogués au moins une fois et 3,3% d'entre eux sont des consommateurs réguliers. Ces derniers chiffres sont issus d'une étude de l'Institut national de santé publique de 2005, basée sur un échantillon de 2.953 enfants, dont 75% sont scolarisés. Selon une enquête nationale publiée en 2012, les drogues les plus utilisées chez les jeunes de 15 à 24 ans sont le cannabis et les médicaments. Il faut savoir que d'autres substances peu coûteuses sont également utilisées, tels que le cirage, l'essence et certains insectes. Si les études diffèrent selon la date de publication et la méthodologie, elles montrent néanmoins que le phénomène de dépendance dans les milieux scolaires existe à des taux non négligeables. En attendant que la stratégie nationale de lutte contre ce problème soit mise en place, certains organismes publics et associations font d'ores et déjà un travail sur terrain d'aide et de prévention auprès des jeunes. Anad L'Agence nationale antidopage (Anad) est un établissement public créé en 2007, soumis à la tutelle du ministère de la Jeunesse et des Sports. Pour lutter contre la dépendance vis-à-vis des produits dopants en milieu scolaire, l'agence organise des séances de sensibilisation au profit des encadreurs de différents clubs appartenant à des établissements scolaires. Elle a également conduit des ateliers de sensibilisation auprès d'élèves, en particulier ceux appartenant à des classes sport. Entre 2009 et 2010, l'Anad a élaboré et mis en œuvre une activité de recherche sociale à visée éducative auprès de jeunes lycéens du Grand-Tunis, en collaboration avec le Centre national d'innovation pédagogique et des recherches en éducation (Cnipre). L'étude a montré que l'incitation à consommer des produits dopants par l'entourage touche aussi bien les sportifs que les jeunes non sportifs. Bien que les jeunes soient persuadés des dangers du dopage, plus d'un tiers d'entre eux pensent que c'est une expérience à vivre, et seraient tentés un jour ou l'autre de se doper. Afin de lutter plus efficacement contre le phénomène du dopage chez les jeunes, l'Anad prévoit, entre autres, d'élargir la population cible des actions de prévention et d'étendre l'approche de prévention du dopage par la création de modules éducatifs faisant intervenir de nouveaux acteurs. Atupret L'Association tunisienne de prévention de la toxicomanie (Atupret) s'intéresse, elle, aux jeunes vulnérables et difficiles à aborder. Elle essaye de prévenir au maximum la consommation des drogues grâce à l'information, l'éducation et la communication régulière dans divers endroits, tels que les stades, les foires, la rue, les foyers universitaires et les écoles. «Nous intervenons sur terrain pour dire aussi aux gens que nous existons, parce qu'il y en a qui sont désorientés et ne savent pas à qui s'adresser en cas de problème», précise Dr Abdelmajid Zahaf, président de l'Atupret. Une équipe de psychiatres et de psychologues est par ailleurs chargée d'accueillir tous ceux qui en ont besoin dans les locaux de l'association, à Tunis ou à Sfax, pour les écouter, évaluer leur situation et faire le suivi. Une prise en charge est possible s'il s'avère qu'elle est nécessaire, à condition que les toxicomanes soient suffisamment motivés. L'association a construit en 2007 un «Centre d'aide et d'écoute» à Thyna, qui propose des soins aux toxicomanes et une réhabilitation pour les intégrer ensuite dans la vie active. L'Atupret, qui est financée par le fonds mondial de lutte contre le sida, a vu son budget se réduire de 60% cette année. En conséquence, les soins qui y sont prodigués ne sont plus gratuits. Pour le Dr Zahaf, la volonté politique pour la lutte contre la toxicomanie est nécessaire, mais encore faut-il avoir la capacité et le personnel adéquat pour le faire.