La première des motivations pour la cession semble dictée par la conjoncture nationale, notamment «l'apport d'une bouffée d'oxygène au système bancaire». Faut-il céder ou garder les parts de l'Etat dans le capital des principales entreprises confisquées ? Comment optimiser la cession des groupes de sociétés d'envergure dotés de montages financiers sophistiqués, de positionnements exemplaires dans leurs domaines et qui regorgent de compétences ? A première vue, la valeur sûre des actifs et la compétitivité des entreprises sont de nature à faciliter la tâche. Toutefois, les pressions budgétaires, d'une part, et l'opportunisme des investisseurs, d'autre part, sont en mesure de fausser toutes les prévisions. Ainsi, plusieurs interrogations relatives aux prix de vente, à l'identité des acquéreurs, aux mécanismes adoptés... refont surface à chaque fois que la cession est évoquée. Pour ce faire, on a rencontré un responsable de la Commission nationale de gestion d'avoirs et des fonds objets de confiscation ou de récupération en faveur de l'Etat, relevant du ministère des Finances, qui a participé à la confection des dossiers de cession des fleurons de l'économie nationale, notamment Tunisiana, la Banque de Tunisie, Ennakl, City cars (KIA)... Ce responsable a expliqué la logique de travail. Catégorique, le responsable écarte l'alternative de nationalisation de ces entreprises. «Pas de retour à la nationalisation dans les secteurs concurrentiels», rappelle-t-il. Mieux encore, l'arrêté n°68 du 14 juillet 2011 a prévu la cession de tous les biens confisqués. Mieux encore, «l'Etat s'est retrouvé accidentellement dans le capital de trois sur trois des opérateurs de télécommunication», argumente-t-il. La même situation s'est dupliquée dans d'autres activités, notamment l'automobile avec la participation dans le capital d'Ennakl, KIA, Peugeot, Ford... Donc, se retirer de ces entreprises est une obligation. Et là, une deuxième question sur le comment s'impose. Selon le responsable, à la lumière d'une étude réalisée par une banque d'affaires, la loi de finances complémentaire de l'année dernière a prévu «La gestion en bon père de famille des biens confisqués et les vendre avec les bonnes valeurs dans les bonnes conditions», rappelle-t-il. Et d'insister «sans brader les prix». Les motivations de la cession La première des motivations pour la cession semble dictée par la conjoncture nationale, notamment «l'apport d'une bouffée d'oxygène au système bancaire», relève le responsable. Pour l'affaire de Tunisiana, les engagements bancaires varient de 50 millions de dinars pour l'ATB à plus de 330 millions de dinars pour l'ABC Bahreïn. Le pool bancaire compte quatre banques de la place. Et l'opération de cession est de nature à fournir des ressources précieuses de quelques millions de dinars à ces institutions à court de liquidité. Quant à la deuxième motivation, le spécialiste déplore que l'Etat soit un mauvais manager. «Beaucoup d'expériences le montrent», fait-il indiquer. Dans cette perspective, le rôle de l'Etat se réduit à la conservation de l'activité et des emplois dans ces entreprises. Troisièmement, les contraintes budgétaires de l'année 2012 ont poussé l'Assemblée nationale constituante (ANC) à approuver des recettes prévisionnelles de 1.200 millions de dinars. D'où, l'Etat se trouve dans l'obligation de renouer ces ventes avant la clôture de l'exercice. Et quatrièmement, ces confiscations pourraient dynamiser le marché boursier. En somme, la cession est inévitable, selon l'expert, puisque la Caisse des dépôts et des consignations, le bras financier de l'Etat, ne dispose pas des ressources nécessaires pour gérer de gros dossiers. Le programme de cession prévoyait la vente des entreprises «Prêtes à être cédées (PAC)», qualifie-t-il. Et d'ajouter : «Ces entreprises ne disposent pas d'un important potentiel de développement». Les cessions concernent, entre autres, 56% des parts d'Ennakl, 67% de KIA et 13% de la BT. La cession de Carthage Cement est prévue pour l'année de l'entrée en production et de la promulgation d'un nouveau cadre réglementaire de ce secteur. «On peut assister, également, à la cession de Peugeot et Ford», confie-t-il. Sur un autre plan, la CDC gère les programmes d'investissement des sociétés agricoles, immobilières et du tourisme. Elle est habilitée à restructurer et à développer ces entreprises pour les vendre ultérieurement. «Pour l'immobilier, la mise sur le marché des lots à disposition pourrait inonder le marché. S'agissant des entreprises des secteurs agricole et touristique, le poids des effets collatéraux de la révolution risque de les dévaluer», explique le responsable. Par ailleurs, le groupe Princess Holding a été restructuré en Karama Holding.