Le Mondial de handball de Barcelone n'est pas encore terminé, mais les premiers enseignements sautent aux yeux : la Tunisie a atteint le niveau technique individuel et collectif à même de lui permettre de se classer parmi les meilleures équipes du monde. L'équipe a donné le maximum face à la France, le plus possible face à l'Allemagne et ce qui lui restait devant le Monténégro. L'équipe n'a pas triché, et a été, en tout point de vue généreuse et courageuse. D'ailleurs, tout le monde avait constaté que ce fut un match à l'arraché où l'expérience des leaders de l'équipe a été décisive dans les moments critiques. Devant le Brésil, l'aspect endurance était dans la balance. Sans pour autant faire preuve d'arrogance ou de prétention, nous pourrions dire que les Tunisiens seraient capables de refaire leur performance face à la France et à l'Allemagne, mais que le Brésil pourrait difficilement répéter sa prestation contre la Tunisie. Pourquoi ? Tout simplement, parce que devant les deux équipes que la Tunisie a rencontrées, le potentiel physique, technique, individuel et collectif, était sollicité à cent pour cent. Face au Brésil, qui mérite assurément sa victoire, c'est une équipe au bout du rouleau et qui réagissait à l'image d'un boxeur acculé dans son coin et qui lançait ses bras, non pas pour descendre son adversaire, mais pour l'éloigner, se défendre autant que faire se peut. Les joueurs épuisés physiquement n'avaient pas récupéré des efforts intenses déployés à intervalles rapprochés et, par conséquent, ne pouvaient d'aucune manière s'exprimer et faire prévaloir ces qualités qui ont épaté à juste titre tous les observateurs quelques jours auparavant. Ce n'était nullement l'affaire du sélectionneur ni du staff médical qui ne pouvaient retaper que dans des limites raisonnables l'état du groupe, mais qui n'avaient aucun moyen de réinsuffler cette vivacité et cet allant qui nous avaient conquis lors du premier et du second matches. C'était pour résumer, une question d'endurance. Une qualité qui ne peut être acquise que par la mise en place d'une compétition nationale où le rythme des rencontres et la fréquence de l'effort intense seraient soutenus, réels et, surtout, à même de pousser régulièrement les joueurs dans leurs derniers retranchements. Bien entendu, il est possible de faire participer l'équipe à des tournois internationaux réguliers raisonnablement espacés pour habituer les joueurs à aller chercher au tréfonds d'eux-mêmes les ressources cachées en eux, mais il faut convenir que cette solution est honnêtement difficile à réaliser. Elle est même irréaliste, étant donné que de nombreux joueurs opèrent à l'étranger (il y aura assurément d'autres départs), que la compétition nationale en ressentira les effets, et qu'elle coûtera horriblement cher. Il ne reste donc que la première alternative que l'on pourrait mettre en place pour espérer atteindre cet objectif dont dépend tout futur comportement de notre «sept» national. Convenons que c'est un véritable casse-tête avec seulement quelques équipes réellement solides. En attendant, espérons que le staff médical saura (il faut préciser que la physiologie n'a aucune relation avec la sorcellerie) requinquer nos jeunes représentants, qui auraient pu calculer et, par voie de conséquence, se ménager contre la France et l'Allemagne, pour se consacrer aux trois matches qu'ils pouvaient négocier avec beaucoup moins de problèmes. Nous préférons de loin cette générosité et cette expression débordante de vie et de savoir-faire, qui ont impressionné et mis fin à l'angoisse du vide laissé par nos valeureux ténors partis en faisant valoir leur droit à une retraite bien méritée. Bonne continuation.