Dans un communiqué commun, publié lundi soir, les deux syndicats relevant du secteur sécuritaire constatent un blocage dans les négociations avec le ministère de l'Intérieur auquel ils donnent un moratoire de sept jours pour répondre à leurs doléances, sinon ils engageront «des formes de protestation sans précédent»... Les comités syndicaux élargis de l'Union nationale des syndicats des forces de sécurité tunisiennes et le syndicat national des forces de sécurité intérieure tiendront deux réunions, chacun de son côté, le samedi 2 février, pour décider des prochaines formes de protestation à engager après la marche de protestation organisée le 26 janvier devant le Palais des congrès et qui a rassemblé quelque trois mille agents et cadres des différents corps de la sécurité nationale. C'est ce que nous a confirmé le porte-parole et secrétaire général chargé des affaires juridiques de l'Union syndicale des forces de sécurité tunisiennes, Chokri Hamada. Dans ce sens, un communiqué commun a été publié par les deux corps syndicaux dans lequel ils affirment que les négociations avec le ministère sont bloquées et appellent à ce qu'on attribue au comité ministériel chargé des négociations un pouvoir décisionnel. Une révolution législative recommandée «Pour nous, la voie du dialogue est ouverte. Aussi, nous estimons que le le principe d'ouverture sur l'environnement, notamment la société civile, est une nécessité afin d'élaborer une stratégie de réforme du secteur sécuritaire qui soit au diapason des défis de la conjoncture et des principes d'une institution sécuritaire républicaine, ce qui est le souhait de tout Tunisien», a ajouté Chokri Hamada. D'après lui, il faudra une révolution législative pour réformer le secteur, notamment à travers la constitutionnalisation de la sécurité républicaine. «Depuis la révolution, rien n'a été réalisé quant à la neutralité du système sécuritaire et les lois qui régissent encore le secteur servent l'intérêt du système autoritaire et non pas celui du peuple. Les lois sont formulées d'une manière à asservir ce corps au profit du pouvoir politique. De même, elle favorise la pression et la persécution de l'agent de sécurité, qui est privé de ses libertés et ses droits de façon à ce qu'il soit asservi. Nos doléances, outre l'instauration d'un nouveau statut pour le système sécuritaire, sont d'ordre socioprofessionnel. Aussi, nous voulons que le travail syndical soit reconnu comme un facteur de construction dans une étape de réforme. La neutralité et l'impartialité de l'institution sécuritaire sont un principe qui doit être constitutionnalisé», a-t-il enchaîné. D'après le porte-parole de l'Union nationale des syndicats des forces de sécurité tunisiennes, les négociations n'ont abouti à aucun résultat, alors que certains syndicalistes, faute de lois protectrices, sont soumis à des pressions allant jusqu'à l'arrestation et la révocation. La protection des agents, une priorité Selon le communiqué des deux corps syndicaux, englobant douze points relatifs aux volets social, professionnel et juridique concernant les différents corps sécuritaires, un moratoire de sept jours est donné au ministère de l'Intérieur pour répondre aux différentes doléances. Après ce délai, les syndicalistes se réservent le droit d'engager des formes de protestation sans précédent selon les prérogatives de l'étape et n'hésiteront pas à le faire. D'autre part, les syndicalistes ont refusé de continuer les négociations avec le chargé de mission auprès du ministre de l'Intérieur, Oussema Bouthelja. Parmi les points sur lesquels le communiqué des deux corps syndicaux a insisté, la protection juridique des agents lors de l'exercice de leurs fonctions, et ce, en promulguant un code juridique criminalisant toute agression portant atteinte aux agents de la sécurité, à leurs familles et à leurs propriétés, l'amendement de la loi n° 4 de l'année 1969 pour mieux délimiter les responsabilités pénales, la création d'un fonds de compensation en cas d'accident du travail pour garantir la dignité des agents et de leurs familles. Par ailleurs, après les réunions des deux comités syndicaux élargis des deux corps syndicaux, une réunion commune des bureaux nationaux de ces deux derniers est prévue pour décider des actions de protestation à engager. D'autre part, un communiqué du ministère de l'Intérieur, en réponse à ce communiqué des syndicalistes, est attendu comme nous l'a confirmé le porte-parole du ministère, Khaled Tarrouche, et qui servira à clarifier la position du ministère de tutelle sur cette question.