L'intervention de quelques associations et représentants de la société civile a été déterminante pour aboutir, hier, à la levée du sit-in des syndicalistes de la sécurité intérieure et l'élaboration d'une déclaration comprenant leurs revendications. Les membres du Syndicat national des forces de sécurité intérieure ont annoncé, hier à 13h30, qu'ils ont décidé de mettre fin au sit-in qu'ils observent depuis avant-hier, à la place de La Kasbah. La décision de lever le sit-in a été annoncée par Olfa Ayari, membre du bureau exécutif du syndicat, qui a affirmé que cette décision «vient renforcer la primauté de l'intérêt général par rapport à toute autre chose dans le travail syndical des forces de sécurité intérieure». Elle a rappelé que le syndicat a, depuis sa création, défendu la sécurité des citoyens et des agents de sécurité. «Ces derniers, précise-t-elle, subissent, jusqu'à présent, plusieurs agressions dans différentes régions», ajoutant : «D'ailleurs, c'est pour cette raison que nous avons observé ce sit-in». La décision de lever le sit-in a été le fruit de longues discussions qui ont été engagées, depuis mercredi, entre les membres du syndicat et des représentants de plusieurs associations à l'instar de «La voix du martyr» et la «Ligue nationale pour la protection de la révolution». Ces derniers ont participé, après la levée du sit-in, à une réunion au siège du Syndicat national des forces de sécurité intérieure avec les membres du bureau exécutif dudit syndicat. Ils sont, finalement, parvenus à l'élaboration d'une déclaration qui devait été remise au ministre de l'Intérieur, un peu plus tard dans la journée. Dans cette déclaration, les syndicalistes expriment leurs revendications dont la réforme juridique et structurelle de leur corps, l'assainissement du ministère de l'Intérieur, l'approvisionnement en équipements nécessaires pour la protection des agents et des locaux des forces de sécurité intérieure contre les agressions et les incendies. Manifestation et contre-manifestation Pour revenir à la matinée d'hier, plusieurs centaines d'agents des différentes catégories des forces de sécurité ont effectué une marche de soutien depuis le ministère de l'Intérieur jusqu'à La Kasbah, lieu du sit-in des syndicalistes des forces de sécurité intérieure, observé depuis mercredi. Ils ont scandé des slogans de soutien aux sit-inneurs comme : «La main dans la main pour bâtir la sécurité de la Tunisie de demain». Plusieurs citoyens et syndicalistes ont rejoint ce mouvement qui a atteint La Kasbah vers 11h00. Et à la surprise des sit-inneurs, une grande foule de manifestants a afflué vers la même place dans le cadre d'une contre-manifestation qui a scandé des slogans appelant à tenir l'institution sécuritaire à l'écart des calculs et des considérations politiques. Des mégaphones des deux côtés. L'un revendique la sécurité des agents des forces de sécurité, l'autre revendique le respect du gouvernement et des libertés individuelles. Et très vite, la contre-manifestation a appelé les sit-inneurs à mettre fin à leur mouvement et à rejoindre leur poste de travail. Pour Noureddine Laâbidi (47 ans), employé, «il n'est pas question de réactiver la loi numéro 4 de 1969 qui autorise de tirer sur les manifestants comme dernier recours». « Je crois qu'il y a beaucoup de méthodes, explique-t-il, pour repousser un danger qui pourrait survenir lors d'une manifestation. Non à la violence. Avant de parler d'une loi qui pourrait mieux protéger les agents de sécurité, il faut juger les agents qui ont participé à l'assassinat des martyrs de la révolution». Pour sa part, Ali Ben Yazza, secrétaire général du syndicat de base de la Garde nationale à l'Ariana, affirme que l'action syndicale doit être enracinée en tant que culture pour être mieux saisie dans la sphère sécuritaire. «Il y a un manque de textes juridiques qui pourraient protéger les agents. C'est une revendication tout à fait logique et légitime et je ne vois pas pourquoi ce contre-mouvement veut nous empêcher de nous exprimer!», enchaîne-t-il. Place au dialogue. A l'heure où nous rédigions notre papier, les pourparlers auraient repris entre le ministère de l'Intérieur et le syndicat.