Selon les statistiques de l'INS, le taux de chômage a régressé de 2,2% au cours de l'année 2012 Le taux des chômeurs diplômés du supérieur a baissé, passant de 34,2% au cours du premier trimestre de 2012 à 32,2% durant le dernier trimestre de la même année «Le chômeur a été le déclencheur réel de la révolution tunisienne. Ses perspectives à court et à moyen termes risquent de la vider de toute substance. Les causes endémiques du chômage sont connues pourtant : freinage du développement, insuffisance d'investissement industriel manufacturier, concentration des revenus, déséquilibres régionaux et sociaux, inadéquation de la formation universitaire et professionnelle, gestion approximative du marché du travail et mauvaise gouvernance politique, économique et sociale, or rien de sérieux n'a été fait jusqu'ici pour passer ces handicaps», a souligné M. Habib Touhami, économiste, dans une étude qu'il a élaborée sur «L'emploi et le chômage en Tunisie : faits et mythologie», qui montre que les pertes d'emploi se sont élevées à 138.000 unités entre 2010 et 2011. Ces pertes sont en relation avec le climat politique, sécuritaire, social et économique qui a prévalu après le 14 janvier 2011. En moyenne et selon les indicateurs fournis par l'Institut d'économie quantitative, la suspension de l'activité a été de l'ordre de 24 jours. Les causes sont liées à la multiplication des grèves, à l'insécurité, aux actions de vandalisme, au manque de matières premières et à la demande insuffisante. Une amélioration a été constatée, indiquant que des créations d'emplois entre les mois de mai et novembre se sont élevées à près de 31.000 unités réparties comme suit : agriculture et pêche (+24.500), services (+40.400), transport et communication (+7.500), hôtellerie et restauration (+8.500). «Ces créations sont évidemment insuffisantes au regard des pertes d'emploi constatées entre 2010 et 2011, de la demande additionnelle et du taux de chômage». D'après l'INS, le nombre des chômeurs en février 2012 a atteint 710.000, soit un taux de chômage officiel de 18,1%. Néanmoins, l'INS constate une très légère décélération du taux par rapport à novembre 2011 (18,9%). Mais cette décélération tient plus d'un phénomène saisonnier non modifié que d'une véritable amélioration du marché de l'emploi. Quoi qu'il en soit, face à une demande additionnelle annuelle moyenne de 83.000 unités, les offres d'emploi ont même enregistré une baisse pour les deux premiers mois de 2012 par rapport aux deux premiers mois de 2011, 8.781 contre 10.094. Au-delà de la conjoncture, «il existe en Tunisie un vrai obstacle structurel à l'employabilité de la demande, celle des diplômés du supérieur tout particulièrement». Par ailleurs, «la production» du système éducatif et de formation ne concorde ni avec les besoins de l'économie ni avec l'obligation assignée au système éducatif et de formation pour préparer les jeunes à s'insérer dans la vie active. En 2011, le taux de chômage des jeunes (15-29 ans) a atteint 38%, celui des diplômés du supérieur 30,5% contre 18,9% pour la moyenne nationale. Entre mai 2010 et mai 2011, le taux de chômage des diplômés du supérieur a littéralement explosé, passant de 22,9% à 29,2%. L'étude a montré que le chômage touche davantage les femmes que les hommes. En effet, le taux de chômage des femmes s'est situé en novembre 2011 à une fois et demie le taux national et pratiquement le double du taux de chômage des femmes. Quant au taux de chômage des femmes diplômées, on constate qu'il a atteint 49,4% contre 21% seulement pour les hommes diplômés. Cela explique que les créations d'emplois entre novembre 2011 et le premier trimestre de 2012 ont intéressé 18.900 hommes contre 17.500 femmes. Il est opportun de rappeler que le chômage a touché, aussi, les régions, celles du Nord-Ouest, du Centre-Ouest, du Sud-Ouest et du Sud-Est, enregistrant respectivement des taux de chômage de 21,4%, 20,5%, 28,4% et 27,4% contre 17,7% pour le district de Tunis, 13,2% pour le Nord-Est et 13,7% pour le Centre-Est. Une amélioration dans la majorité des régions Les statistiques de l'INS ont fait ressortir une régression du taux de chômage de 2,2% au cours de l'année 2012 par rapport à 2011, soit 16,7% durant le quatrième trimestre de 2012 contre 18,9% l'année dernière. D'après les résultats du recensement national sur la population et l'emploi élaboré par l'INS, le nombre de chômeurs a baissé, passant de 738 mille au début de l'année 2012 à 665 mille à la fin du mois d'août de la même année et 653.8 mille à la fin de l'année. Le recensement a montré que près de 11 mille postes d'emploi ont été créés au cours des trois derniers mois de 2012, sans compter les résultats de tous les concours de recrutement dans la fonction publique qui ont démarré à la fin de l'année précédente. Pour ce qui est des diplômés du supérieur, les statistiques indiquent une régression du taux de chômage, passant de 34,2% durant le premier trimestre de 2012 à 32,2% au cours du dernier trimestre de la même année. Mieux encore, les résultats du recensement montrent une baisse du taux de chômage dans la plupart des régions, excepté le district de Tunis où le taux de chômage a atteint 11,4% durant le dernier trimestre de 2012, contre 14,5% au Nord-Est. La régression est observée également au Nord-Ouest avec 21,3% contre 22,3%, 11,4% au Centre-Est (contre 11,9%), 20,7% au Centre-Ouest (contre 26,9%), 25,7% au Sud-Est (contre 27,2%) et 22,1% au Sud-Ouest (contre 29,5%).