Se dirige-t-on, finalement, vers un compromis qui constituera une sortie de crise honorable pour toutes les parties impliquées dans le remaniement ministériel tant attendu et toujours reporté ? Un compromis qui fera la synthèse entre l'initiative du chef du gouvernement appelant à un gouvernement de compétences nationales non partisanes, d'une part, et la proposition émanant de la Troïka ouverte désormais sur le mouvement Wafa et le groupe parlementaire «Liberté et dignité» plaidant pour une équipe gouvernementale mixte (comportant des indépendants et des politiciens), d'autre part. Tout porte à le croire si l'on se réfère aux déclarations de Hamadi Jebali annonçant «des résultats encourageants» à l'issue de la rencontre de concertation, tenue vendredi 15 février à Dar Edhiafa. Rencontre qui a regroupé — faut-il le rappeler — 13 partis politiques, dont Ennahdha et Nida Tounès, et enregistrant une première : Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi qui assistent, pour la première fois depuis des mois, à une réunion de dialogue, donnant l'impression que la rupture Ennahdha-Nida Tounès que l'on croyait consommée pour toujours n'est plus d'actualité, au vu des développements de la situation politique dans le pays. Les résultats encourageants dont parlait le chef du gouvernement viennent d'être renforcés par les affirmations du Dr Mustapha Ben Jaâfar, secrétaire général d'Ettakatol et président de l'ANC, selon lesquelles son parti «soutient la formation d'un gouvernement ‘‘panaché'' où siégeront des personnalités indépendantes et des personnalités politiques tout en préservant la neutralité des ministères de souveraineté». Cette nouvelle position d'Ettakatol qui clamait, mercredi dernier, ouvertement son soutien à l'initiative de Hamadi Jebali introduit, sûrement, une nouvelle donne sur le cours des négociations qui se poursuivent aujourd'hui lundi 18 février et au bout desquelles les Tunisiens seront édifiés sur la composition définitive du nouveau gouvernement. Reste à savoir maintenant comment réagiront dans les heures qui viennent, avant le dénouement définitif du feuilleton du remaniement, ceux qui continuent à récuser purement et simplement l'initiative Jebali et l'idée d'un gouvernement mixte. Le Front populaire et Al Aridha, puisqu'il s'agit de ces deux partis qui ont rejeté l'invitation de Hamadi Jebali, allant jusqu'à l'appeler à démissionner, finiront-ils par réviser leurs positions et rejoindre ceux qui ont privilégié le dialogue et le consensus avec les concessions qui s'ensuivent.