Depuis la révolution, bon nombre de rencontres et d'événements cinématographiques ont vu le jour. En effet, festivals et des journées à thématiques différentes se sont empressés de se faire une place et une identité dans le paysage cinéphilique. Mais la réticence du public — conséquence, somme toute, logique au rétrécissement du parc des salles d'exploitation et à la quasi absence de manifestations régulières de projections et de débats — est un vrai handicap. Reste, quand même, la Fédération tunisienne des ciné-clubs (FTCC) et son réseau qui résistent et qui persistent à assurer dans les différentes régions un rendez-vous hebdomadaire, parfois avec des moyens rudimentaires, autour de la culture, de l'image et du cinéma. Du temps du régime de Ben Ali, la fédération, comme d'autres structures indépendantes, s'est renfermée sur elle-même, préoccupée d'assurer sa survie. Les difficultés conjoncturelles et les politiques structurelles l'ont affaiblie, mais le mouvement a su se nourrir de son histoire pour continuer et faire front. Il est vrai que la FTCC a été plongée dans une logique de survie assez éprouvante, pour ses membres les plus attachés à son existence, à son rayonnement et à sa plateforme, mais c'est ce même attachement et cette appartenance qui ont permis à l'association d'exister encore et de construire une nouvelle dynamique, par la création de nouveaux clubs à travers le pays qui atteignent aujourd'hui le nombre de 35, le dernier en date étant celui de Tozeur, ainsi que par un programme itinérant de projections de films ( qui se poursuivra jusqu'au mois de juin procahin) qui parcourt les villes et les régions injectant une dynamique de décentralisation à l'action culturelle et aux clubs existants et attirant de nouveaux volontaires et amateurs de cinéma pour créer de nouveaux clubs. Cette dynamique est donc visible à la fois dans la composition des différents clubs, anciens et nouveaux, mais aussi dans les nouvelles capacités d'action et dans la manière de faire. Elle dénote un souffle qui revendique la dimension historique de la FTCC, tout en portant un projet à long terme. Et c'est dans ce qu'elle assure, cette année, l'organisation du Congrès international de la Fédération internationale des ciné-clubs du 1er au 7 avril prochain. Malgré les aléas des événements politiques, les difficultés matérielles dont souffrent la fédération et ses clubs, la bonne volonté et l'engagement de ses adhérents ont toujours fait que la FTCC existe et abat un travail continu, acharné, régulier, volontaire et discret pour la diffusion d'une culture de l'image, d'une culture alternative et d'une culture de partage d'écoute et d'échange. Aujourd'hui que le rideau est levé, on découvre que l'arrière-pays vivait, et vit encore, une réelle pauvreté culturelle qui ne doit plus exister. C'est là, la raison même d'être de la FTCC. N'est-ce pas que c'est dans ces régions reculées et démunies, là où la culture a du mal à marquer sa présence, qu'un ciné-club peut changer la vie et la vision d'une jeunesse désabusée et livrée à elle-même. D'autant qu'il ne coûte rien au ministère de la Culture. Un «drap» blanc de fortune et un vidéo-projecteur suffiront à la magie du cinéma d'opérer. A bon entendeur ... La FTCC en bref La FTCC est fondée en 1950 à Tunis, et a eu pour premier président tunisien Tahar Cheriaâ. Elle a participé, à travers les initiatives d'un grand nombre de ses militants, à la création d'institutions nationales et internationales pour diffuser le cinéma. Membre fondateur des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) et membre permanent du comité directeur de cette manifestation depuis sa création en 1966 et membre du comité directeur du Festival International du Cinéma Amateur. La FTCC a créé les Journées Internationales du Court-Métrage de Tunis (1996). Elle a aussi créé avec le partenariat de l'ATPCC, les Journées du Cinéma Tunisien. La FTCC a œuvré pour la création d'unions de ciné-clubs à l'échelle du Maghreb, de l'Afrique et de la Méditerranée. Elle a développé la vie associative et de la société civile à travers son activité culturelle et la pratique démocratique à l'intérieur de ses clubs.