C'est la saison des femmes, nous annonce Mach, animateur de l'espace artistique El Teatro. Pour ce premier coup d'envoi, la place est à la gravure et au dessin dans leurs différentes techniques. Elles sont vingt-trois femmes à exposer ensemble, qui ne se connaissent pas toutes et forcément entre elles, mais qu'a priori une seule obsession a réunies : exister et s'éclater à travers l'art, quelles qu'en soient les conditions, quel qu'en puisse être le prix. C'est comme ça : quand la femme veut, l'art le veut, et ce, à la... barbe de tous ! Militer ou seulement résister n'a pas qu'une seule façon de faire, mais à chacun sa manière et son moyen : il y a les armes, évidemment, mais il y a aussi la plume, le verbe et les pinceaux (ou le crayon). A cette différence notable qu'à chaque moyen son poids, sa portée et sa valeur. Les armes sont les plus efficaces, sauf qu'elles détruisent sans jamais reconstruire ; le verbe du tribun peut être porteur pour peu qu'il soit sincère ; la plume est la plus éloquente si, entre les lignes, elle n'est pas insidieuse ou tendancieuse ; l'art, lui, se carre sur le toit de toutes les expressions car, de par sa vocation, il tend à l'esthétique tout en dénonçant le laid. Et justement, depuis quelque temps, nous traversons une période des plus laides : au combat des uns pour la justice et les droits de tous, répond la violence portée à son paroxysme : l'assassinat pur et simple. Comment dès lors calmer les nerfs, adoucir les esprits, désengorger cette ambiance générale si fétide et comminatoire ? Par le verbe et la plume ? Possible. Mais il n'y a que l'art pour réellement ennoblir les âmes. Vingt-trois femmes sont arrivées avec leurs gravures pour dénoncer le mal qui nous ronge, crier leur colère et appeler à la raison. Leur exposition est un hurlement silencieux reflétant un ras-le-bol général au ras du désespoir : trop, trop de noir pour peu, très peu de blanc. Et toutes les techniques sont bonnes pour le dire : le stylo à bille, l'eau-forte, l'aquateinte, l'impression numérique, l'encre, la linogravure, la xylogravure, etc. C'est dans l'ordre des choses que la saison des femmes commence dans le noir qui nous enveloppe tous ; mais, tôt ou tard, la nuit cèdera inévitablement la place au jour. Quand la femme combat, le noir disparaîtra. (*) L'exposition se poursuit jusqu'au 4 mars 2013