Les agriculteurs syndiqués à Boussalem ont élu le 22 février 2013 les nouveaux membres du bureau exécutif de l'Union locale de l'Utap. Cet évènement marque la clôture officielle des congrès locaux menés par l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche depuis le mois de janvier. Les 10% des bureaux locaux qui n'ont pas encore tenu de congrès effectueront leurs élections au mois de mars. Environ 90 agriculteurs de Boussalem se sont réunis vendredi pour élire, les onze membres du bureau exécutif de l'Union locale de l'agriculture et de la pêche. Imed Jemmazia été choisi comme nouveau président du bureau. Il travaillera au sein d'une équipe qui comprend trois jeunes de moins de trente cinq ans et une femme. «Il était impensable d'organiser un tel évènement au temps de Ben Ali», a déclaré Noôman El Euchi, président de l'Union régionale de l'agriculture et de la pêche de Jendouba. Le syndicat a, en effet, acquis une nouvelle liberté depuis la révolution, et en particulier après le 9 février 2012. Ce jour-là, l'instance nationale de l'Utap avait été élue après la dissolution de l'ancien bureau exécutif, pour diriger l'organisation et mener une réforme structurelle. Pour accomplir cette réforme, l'Utap organise depuis le 19 janvier 2013 des congrès locaux pour élire de nouveaux comités dirigeants au sein des 219 bureaux locaux de l'Union. Les congrès régionaux, eux, auront lieu au mois d'avril, et le congrès national au mois de mai. Afin d'assurer des élections libres et de garantir l'indépendance de l'organisation vis-à-vis des intérêts politiques, l'Utap a amendé le règlement intérieur. Des problèmes persistants Il est désormais interdit par exemple d'avoir à la fois des responsabilités au sein d'un parti politique et dans l'organisation syndicale. En outre, la procuration n'est plus systématique et pour ceux qui désirent se présenter aux élections, seule leur carte d'adhésion à l'Utap de 2012 est nécessaire. Le congrès qui s'est déroulé à Boussalem a été l'occasion pour plusieurs agriculteurs d'évoquer leurs problèmes. Certains ont dénoncé les coupures d'eau pour cause de facture non payée et qui se font généralement sans préavis. Ces coupures conduisent à l'arrêt de la campagne agricole en cours et mettent encore plus en difficulté l'agriculteur. D'autres se sont s'interrogés pourquoi le réseau d'irrigation n'est pas plus développé dans la localité de Ryebna, alors que la conduite d'eau principale dessert la zone et ne profite qu'à trois exploitants. Un agriculteur a évoqué également le problème de stockage des feuilles de tabac qui se fait à 70km de Boussalem, dans la délégation de Fernana. Une pratique coûteuse pour les agriculteurs et qui a des impacts négatifs sur la qualité du tabac, à cause des mauvaises conditions de transport. D'autres questions qui concernent le prix des produits agricoles et l'exploitation des terres domaniales ont été évoquées. Le président de l'Utap, Ahmen Hnider Jarallah, a rappelé que le syndicat a déjà contribué à résoudre certains de ces problèmes et qu'il continuera à faire le nécessaire pour en résoudre d'autres. Ainsi, les agriculteurs ont obtenu la réduction de leur dette relative aux eaux d'irrigation de 30%, dette qui s'élève au total à 36 millions de dinars. Ensuite, le prix du lait est passé de 580 millimes à 700 millimes le litre. Le prix des tomates destinée à la transformation est revu à la hausse et passera de 115 à 130 millimes, une mesure non encore appliquée. Les critères d'évaluation des prix des céréales ont également été revus, ainsi que certains textes du code d'investissement agricole. Il reste encore de nombreux dossiers sur lesquels les agriculteurs doivent se pencher. L'agriculteur est souvent marginalisé et jusque-là il n'y avait pas de structure syndicale forte capable de porter leur voix et défendre leurs intérêts. Peut-être que cela va changer avec la réforme structurelle en cours, encore faut-il que les agriculteurs y adhèrent et contribuent eux-mêmes à sa réussite.