L'approche allait être différente : il fallait recomposer la distribution de l'ouvrage, vulgariser le langage, revoir l'iconographie, aller au plus visible, au plus immédiatement lisible, alléger, et fluidifier. Faire un livre, elle n'y avait jamais pensé. Professeur à l'Ecole d'architecture, Khédija Elaouani Ben Miled enseignait l'histoire de l'art et de l'architecture et c'est à la demande de ses étudiants qu'elle publia, dans la plus grande discrétion, et au Centre des publications universitaires, deux manuels didactiques, supports de ses cours, dans son esprit : l'un s'intitulant « Histoire de l'art et architecture, de la Renaissance au XXe siècle », l'autre « Histoire de la peinture du XVIe au XXe siècle ». Tous deux rencontrèrent un certain succès d'estime, et remplirent leur mission : servir de référence aux étudiants et chercheurs. Aujourd'hui à la retraite, elle s'est occupée de classer ses cours et de remettre en ordre ses documents. Ceux-ci, fruit d'une carrière consacrée à l'enseignement et à une passion — largement partagée dans sa famille — pour l'architecture, se prêtaient aisément à d'intéressantes publications. C'est à son fils, elle l'avoue, qu'elle doit d'avoir sauté le pas. Homme d'affaires, celui-ci concevait le projet en promoteur, et lui proposa d'éditer un livre « grand public », et non pas uniquement consacré à l'enseignement. Il est vrai que le sujet s'y prêtait : «Histoire de l'architecture, de la Préhistoire au Moyen Age ». Mais l'approche allait être différente : il fallait recomposer la distribution de l'ouvrage, vulgariser le langage, revoir l'iconographie, aller au plus visible, au plus immédiatement lisible, alléger, et fluidifier. Khedija Elaouani Ben Miled se remit donc à l'ouvrage avec son éditeur Serviced, accepta certaines modifications, renâcla pour certaines autres, tint bon dans certains choix, et, à l'arrivée, réalisa un bel ouvrage, généreusement illustré, scientifiquement documenté, et agréablement lisible. Les grands chapitres chronologiques ont, bien sûr, été respectés pour la lisibilité du texte. Généraliste, le livre met, néanmoins, le focus sur la Tunisie, et illustre chaque grande époque par des exemples tunisiens ou du moins nord-africains. Piochant dans la très belle photothèque de Serviced, l'auteur a cependant imposé certains plans et coupes architecturales à son avis indispensables. Et si elle a réservé une place de choix à Kairouan, sa ville d'adoption, qu'on ne se demande pas pourquoi.