Elle court, elle court la chéchia, rarement histoire fut plus riche, plus mouvementée, plus féconde et plus romanesque. Le petit bonnet de feutre méditerranéen a trouvé son chantre en Mika Ben Miled qui, en se découvrant une âme de Sherlock Holmes, est partie fougueusement et en fin limier, sur les chemins aventureux de ce bonnet, décidément pas comme les autres. Auteur et éditeur de cette maison d'édition élitiste et atypique, "cartaginoiseries", elle avait déjà sorti une première édition de cet ouvrage consacré à la chéchia. Mais persuadée de ne pas avoir tout dit, et convaincue par de nouvelles découvertes, elle récidive, et réussit à nous passionner de nouveau. «Ce n'est pas une grosse thèse pour savants, et c'est plus qu'un «petit livre» comme l'annonçait son précédent titre. C'est plutôt une véritable encyclopédie qui montre et raconte la merveilleuse aventure d'un bonnet rouge, couvre-chef authentiquement tunisien… flamboyant attribut national», écrit Abdelmajid Ennabli, qui signe la préface de l'ouvrage. Davantage qu'une aventure, c'est, en fait, une épopée que celle de ce bonnet voyageur dont Mika Ben Miled fait remonter l'origine aux rois mages, rien de moins. Avec ses guerres, ses hauts faits et ses méfaits, ses illustres représentants et ses espions, ses chevaliers et ses traîtres, ses victoires et ses défaites. Nous ne vous en dirons pas beaucoup plus, car ce livre se lit comme un roman policier dont il ne faut pas déflorer le dénouement. Mais nous ne pouvons résister au plaisir de vous signaler l'humour et la subtilité des jeux de mots illustrant certaines têtes de chapitres : Bonnets en bataille, Les chéchias chantent et dansent, L'affaire du chapeau, ou La chéchia timbrée. Pas plus qu'à celui de signaler la vivacité, l'originalité et l'érudition de la mise en page, avec une maquette extrêmement documentée, et une iconographie de grande variété. Mika Ben Miled a été chercher très loin l'histoire et l'origine du bonnet rouge, elle en a minutieusement étudié les différentes déclinaisons, les symboles, les imageries et les références. Plus concrètement, elle a analysé cette corporation, ses implications sur l'économie nationale, son développement, son essor dans le pays et à l'étranger, et son déclin. Elle a su alléger l'ouvrage par des clins d'œil, des échappées avec des ouvertures sur le monde de l'art, et d'intéressantes compositions de tableaux et de photos anciennes où la chéchia règne glorieusement. Des livres comme cela, on en redemande.