Les dés sont-ils définitivement jetés à propos du feuilleton des concertations en vue de la formation du gouvernement Ali Laârayedh ? L'ultime rencontre de négociations qui se tient aujourd'hui entre le chef du gouvernement désigné et les partis supposés participer à la prochaine coalition aboutira-t-elle à l'annonce de l'équipe gouvenementale tant attendue (à cinq ou six composantes) ou à redistribuer les cartes dans le sens qu'Ennahdha composera son propre gouvernement et se trouvera obligée d'abandonner ses deux traditionnels alliés, à savoir le CPR et Ettakatol ? Tout concorde, en effet, pour que les négociations qui ont trop duré laissant planer un flou désormais inacceptable prennent fin aujourd'hui afin que les Tunisiens soient édifiés sur leur avenir proche et sur les hommes qui conduiront ce qui reste de la deuxième étape de la transition démocratique, d'une part, et sur le programme d'action gouvernementale qui sera mis en œuvre d'ici les prochaines élections générales, d'autre part. Aucune hypothèse n'est à écarter Comment le CPR aborde-t-il la rencontre d'aujourd'hui, que cache-t-il encore et quel bilan fait-il des pourparlers engagés, voilà plus d'une semaine par Ali Laârayedh ? Une source informée auprès du Congrès pour la République préfère, pour répondre à cette question, revenir aux positions des partis de l'opposition «qui ont refusé de faire partie de la prochaine coalition, poussés qu'ils sont par leurs calculs partisans et par les considérations électoralistes qu'ils ont placés malheureusement au-dessus de l'intérêt supérieur du pays. Ils n'ont pas réussi, également, à saisir les exigences de l'heure». La même source précise que «les négociations en vue de la formation du gouvernement se poursuivent encore entre les cinq formations suivantes : Ennahdha, le CPR, Ettakatol, Wafa et le groupe parlementaire Liberté et Dignité. Et si l'on n'est pas encore parvenu à un accord définitif, c'est bien qu'il persiste toujours des points de discorde à propos des exigences des uns et des autres. La réunion d'aujourd'hui, qui sera la dernière avant l'expiration du délai légal du 8 mars tranchera dans un sens ou un autre, et le CPR pourrait ne pas participer au gouvernement au cas où ses conditions n'était satisfaites. Une troisième éventualité n'est pas à écarter : la Troïka pourrait succéder à elle-même et être tout bonnement reconduite». Il s'agit, selon notre source, «de fixer définitivement la plateforme politique qui sera adoptée par le futur gouvernement, d'assurer la neutralité effective des ministères de souveraineté et de réviser certaines désignations opérées dans les administrations centrale et régionale. Pour nous, au CPR, cette plateforme constituera le point déterminant dans la constitution de la coalition gouvernementale que tout le monde attend». L'heure des marchandages a sonné Du côté d'Ennahdha, l'on est convaincu que «l'heure n'est plus aux marchandages ni aux hésitations ou aux conditions de dernière minute». Laâjmi Lourimi, membre du bureau exécutif d'Ennahdha, est aussi clair que précis: «Nous abordons le dernier virage et ceux qui ont refusé de rejoindre la nouvelle coalition gouvernementale ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes. Principalement, les responsables de l'Alliance démocratique qui ont raté l'occasion de devenir un partenaire écouté et respecté dans l'opération politique en cours, avec en prime l'opportunité de ne pas supporter les erreurs du passé». En ce qui concerne les exigences du CPR, Lourimi les considère comme une forme de surenchères «que personne ne prend au sérieux puisque toutes leurs demandes ont été concrétisées, y compris les désignations dans l'administration qui n'étaient décidées qu'après consultation avec les Cpéristes. Aujourd'hui, ils demandent qu'elles soient revisitées sans nous préciser sur quelle base telle ou telle personnalité devrait être écartée». Les hésitations d'Ettakatol et ses doléances de dernière minute s'expliquent, souligne-t-il, par «ses liens ou ses engagements avec d'autres parties, principalement l'Ugtt. C'est pour ces raisons qu'il prend du temps pour arrêter ses positions dans le but de lancer des signes rassurants aux parties qu'il se sent obligé de satisfaire». Et si Ettakatol prend la décision de se retirer de la prochaine coalition ? «Je ne pense pas que cette éventualité servira les intérêts d'Ettakatol. Idem pour le CPR dont le groupe parlementaire au sein de l'ANC se rétrécit de jour en jour. En tout état de cause, leur refus de faire partie du gouvernement Laârayedh n'empêchera, en aucune manière, le chef du gouvernement désigné de mener à bon port sa mission dans la mesure où la majorité dont il a besoin est déjà acquise. Toutefois, au sein d'Ennahdha, nous sommes toujours attachés à ce qu'ils poursuivent l'expérience à nos côtés. Quant au parti El Amen dont la direction se plaint du fait qu'Ennahdha parle en son nom sans la consulter auparavant, je tiens à préciser que les responsables de ce même parti tiennent, chacun de son côté, un discours différent de ses collègues». Laâjmi Lourimi estime, en conclusion, que «les dossiers relatifs à la prochaine étape sont déjà prêts et que le dialogue national qui a déjà démarré avec les consultations menées par Hamadi Jebali, le chef du gouvernement démissionnaire, se poursuivra et sera institutionnalisé puisqu'il est placé au fronton des priorités du prochain gouvernement».