Les négociations entre la Tunisie et le Fonds monétaire international (FMI) ont porté dans une première phase sur un accord de confirmation à titre de précaution. Selon M. Chedli Ayari, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) - qui a tenu hier une conférence de presse en présence de M. Elyès Fakhfakh, ministre des Finances — une première phase de négociations au sujet de cet accord a été conclue avec le FMI. Il ne s'agit donc pas de la signature d'un accord de crédit. L'accord de confirmation a été créé en 1952 et amendé en 2009. Il est souvent utilisé par les pays membres à revenu intermédiaire et, plus récemment, par des pays avancés. La durée d'utilisation est de 12 à 24 mois (ne dépassant pas les 36 mois). L'objectif fixé est de contribuer à résoudre les problèmes qui pourraient être constatés au niveau de la balance de paiement à court terme. Les modalités de paiement se basent sur un accès à titre de précaution. En effet, le pays n'a pas l'intention de faire des tirages sur les montants approuvés, mais conserve l'option d'y recourir en cas de besoin. Le montant à décaisser est remboursable sur 5 ans avec une période de grâce de 3 ans avec un taux de prêt de 1.1%. Le montant mis à la disposition de la Tunisie est de l'ordre de 2.73 milliards de dinars. Promotion d'une croissance inclusive A noter qu'à l'initiative des autorités tunisiennes, une mission du FMI - dirigée par M. Amine Mati — a effectué une visite dans notre pays du 15 janvier au 1er février 2013 pour négocier un accord de confirmation à titre de précaution dans le cadre d'un appui au programme de réformes engagées par la Tunisie. Les échanges considérées comme frutueux ont été faits avec plusieus hauts responsables du gouvernement, de la BCT, des membres de l'Assemblée nationale constituante, des bancaires, des représentants des partis politiques, du secteur privé, des syndicats, des bailleurs de fonds et de la société civile. Les discussions ont porté sur la situation économique en Tunisie, les défis à relever, le programme économique du gouvernement... Le rôle que peut jouer le FMI pour promouvoir le développement a été également au centre des discussions. Les politiques macroéconomiques et les réformes structurelles sont orientées - selon la mission — de manière appropriée vers la promotion d'une croissance inclusive. Celles-ci visent à réduire les disparités entre les régions et le taux de chômage. Elles devraient aboutir également à une équité sociale et à préserver la stabilité macroéconomique même si la conjoncture interne et externe demeure difficile. L'accord envisagé avec le FMI à titre de précaution vise, cependant, à aider la Tunisie qui passe par une période de transition et qui a besoin en cas de chocs externes d'utiliser des fonds supplémentaires. En tout cas, les sources de financement identifiées pour l'année 2013 répondent aux besoins de financement du pays pour l'année en cours, ce qui est rassurant. Le travail de la mission devrait se poursuivre avec les autorités tunisiennes au cours des prochaines semaines en vue de finaliser l'accord en question en appui au programme économique du gouvernement qui sera présenté au Conseil d'administration du FMI en mars 2013. Mieux orienter la compensation «Cet accord n'a aucun impact sur l'endettement en Tunisie», estime M. Ayari ajoutant qu'«aucun décaissement n'est prévu pour cette année. En 2014, le recours à ce financement ne serait fait qu'en cas de choc externe». Plusieurs pays du monde ont sollicité une telle facilité qui permet de résoudre des problèmes au niveau de la balance de paiement. Le gouveneur de la Banque centrale de Tunisie, précise que «Ce financement n'a rien à voir avec le Programme d'ajustement structurel et n'impose pas des conditions au gouvernement tunisien. Mais la Tunisie a toujours besoin d'un financemenet extérieur». Cependant le gouvernement est soucieux de maîtriser la dette extérieure qui ne doit pas dépasser un certain seuil. «Il ne faut pas atteindre le seuil fatidique de 50% du PIB sinon on entre dans la zone à risque», prévient l'orateur. Le taux d'endettement réalisé est de 43,5% contre des prévisions de 46,1%. Le recours aux ressources extérieures doit être maîtrisé au niveau du volume, du coût et de l'utilisation. En effet, ces ressources doivent être utilisées dans des projets productifs pour créer de la richesse et de la valeur. Le service de la dette est encore soutenable. «Nous sommes sortis de la récession, estime M. Ayari, mais du chemin reste encore à parcourir». De son côté, M. Elyès Fakhfakh a rappelé que les demandes augmentent de toutes parts alors que les réserves sont stagnantes. La compensation a également connu une évolution importante, ce qui s'est traduit par une pression sur le budget de l'Etat. La Tunisie a déjà engagé des réformes dans plusieurs secteurs comme ceux qui concernent les banques, la fiscalité, la compensation. En fait, il s'agit de cibler davantage les familles nécessiteuses par la compensation. «Le programme d'appui à la relance économique engagé avec l'Union européenne comporte un certain nombre de réformes», affirme l'orateur. Le minisre a indiqué par ailleurs que le nombre des familles nécessiteuses a augmenté, passant de 170.000 à 270.000 alors que la valeur de la subvention a connu une révision à la hausse. Une étude avec la Banque mondiale a été engagée pour la compensation. Les résultats préliminaires ont montré que seuls 10% de cette catégorie de la population en profitent. L'étude devrait aboutir à des réformes pour mieux orienter la compensation aux familles ciblées. Le représentant du FMI, M. Amine Mati a indiqué, de son côté, que le bailleur de fonds international n'a pas imposé des conditions à la Tunisie, mais que les réformes déjà en cours vont dans le bon sens. Celles-ci concernent, entre autres, l'amélioration du climat des affaires. Les réformes visent aussi à réduire le taux du chômage et les disparités entre les régions «Le but est d'aboutir à une stabilité macro-économique», soutient-il. Et de rappeler que les fonds collectés proviennent de 180 pays.