Cette semaine, les élèves du primaire, les collégiens et les lycéens passent les devoirs de synthèse dans les matières principales. Cet examen, dont le coefficient est deux fois plus élevé que celui du devoir de contrôle, permet de voir si l'élève a bien assimilé les matières enseignées au cours du deuxième trimestre. La semaine dernière, les élèves ont planché sur les matières dites humaines et sociales, en l'occurrence la musique, l'éducation islamique, l'éducation civique...Idem, ces examens permettent à l'enseignant d'évaluer le niveau de connaissance de l'élève ainsi que sa capacité d'assimilation dans la matière enseignée. Or, l'aménagement de l'horaire des devoirs de synthèse entraîne une mobilisation générale de l'administration et des enseignants ainsi qu'un chamboulement total de l'emploi du temps. En effet, le programme est mis entre parenthèses et les cours sont interrompus pendant plus d'une semaine. La mobilisation commence deux semaines à l'avance. Les enseignants préparent les sujets des examens, l'administration doit élaborer un calendrier qui recueille l'approbation de tout le monde. Les élèves stressent à l'approche des semaines pré-bloquée et bloquée et perdent leur concentration en cours. Passée la semaine pré-bloquée, les élèves révisent les matières principales. Or, ces devoirs de synthèse qui sont supposés permettre une évaluation des connaissances acquises au cours du trimestre sont loin de répondre à l'objectif escompté. En effet, il est devenu courant que les enseignants communiquent, à la demande pressante des élèves, les chapitres ou les thèmes sur lesquels va porter le sujet du devoir. Sachant, par conséquent, sur quels chapitres va porter le devoir de synthèse, la plupart des élèves se contentent de réviser à la dernière minute une partie du programme au lieu de réviser régulièrement ce qui a été enseigné en cours dans chaque matière. La semaine qui suit la semaine bloquée est consacrée à la correction. Les cours reprennent mais c'est l'esprit qui n'y est plus. On assiste, au cours de cette semaine, à une démobilisation des élèves, qui, ayant passé les examens, se projettent, déjà, dans les vacances et sèchent les cours. Du retard est pris sur le programme. Instauré depuis des années, ce système d'évaluation —avec l'aménagement horaire qui y est afférent —a montré ses limites et se caractérise sans nul doute par une perte considérable de temps et d'énergie. Il n'y a pas si longtemps que cela, à la fin du siècle dernier, le système d'évaluation classique, existant à l'époque, avait prouvé son efficacité. Il n'y avait pas de semaine pré-bloquée et bloquée. L'organisation des devoirs afin d'évaluer le degré de connaissance des élèves ne nécessitait pas l'interruption des cours. Les enseignants organisaient régulièrement des devoirs de contrôle sans informer les élèves ni de la date ni du contenu, ce qui les obligeait à réviser régulièrement leurs cours. La moyenne était ensuite calculée à partir de l'ensemble des notes obtenues dans ces devoirs, qui reflétaient le niveau réel des élèves. Certes, une commission au niveau du ministère est actuellement en train de réfléchir au réaménagement horaire du système d'évaluation, dans le cadre de la réforme du système éducatif tunisien. Le retour au système classique d'évaluation devrait être sérieusement envisagé. Mais il ne s'agit pas de la seule chose à remettre en question, dans la mesure où plusieurs autres aspects sont responsables de la baisse du rendement du système éducatif. Il faudrait penser notamment à alléger les programmes, travailler davantage en classe et réduire le nombre de cours particuliers, devenus, pour beaucoup d'enseignants, une solution de facilité afin de se faire des sous en plus et rattraper le retard sur le programme.