Selon les estimations d'un allergologue, 15% des Tunisiens souffrent d'une intolérance au pollen. Le traitement de désensibilisation au pollen s'étale sur pas moins de trois ans. Cela commence dès les premières semaines du mois de février. Les rougeurs et le larmoiement au niveau des yeux, le nez qui coule, les éternuements fréquents, la dyspnée et la difficulté à respirer normalement, autant de symptômes qui apparaissent chez certaines personnes à l'approche de la saison des floraisons et qui les indisposent. Pour certains, ce ne sont que des signes de maladies anodines, comme la conjonctivite, le rhume ou la bronchite. En réalité, ces symptômes renvoient plutôt à une insensibilisation au pollen qui s'accentue avec la saison de la fécondation végétale et de la floraison. Les allergies liées au printemps — ou comme le désignent les allergologues le «rhume des foins» — s'étalent sur la période de transition saisonnière, soit jusqu'à la mi-juin. En l'absence d'une prise en charge médicale, ces désagréments peuvent générer des maladies dont certaines sont chroniques. Il faut dire que le «rhume des foins» est souvent favorisé par une prédisposition génétique due à la faible contribution des anticorps nommés CigE2, et qui permettent à l'organisme une désensibilisation quant au pollen. Cependant, d'autres facteurs favorables à la sensibilisation quant au pollen sont décelés, dont le stress et la pollution. Le Dr. Sadok Regeb, allergologue, indique que le taux des allergies connaît une évolution considérable, soit 15% de la population; une évolution qui revient en grande partie au stress et à la prolifération des différentes formes de pollution. La prise en charge des allergies dues à la sensibilisation au pollen commence par le diagnostic. «C'est un diagnostic essentiellement clinique et para-clinique. Le médecin doit interroger le patient sur les éventuels antécédents génétiques et sur l'environnement dans lequel il évolue. Si l'environnement se prête à de telles manifestations allergiques, notamment dans le cas où la maison est dotée d'un jardin, la première mesure de prévention à prendre consiste à éviter les lieux à risque», indique le Dr. Regeb. Suite à ce diagnostic clinique, le patient est soumis à des tests sanguins dans l'optique de calculer le taux des anticorps CigE2 dans l'organisme, et ce, afin de cerner le besoin de ce dernier en production des anticorps spécifiques, à même de désensibiliser le corps quant au pollen. Traitement symptomatique, traitement de fond C'est à partir des résultats obtenus que le médecin traitant décide de la nature du traitement à administrer : traitements symptomatiques ou de fond. «Dans le premier cas, il s'agit de prescrire au malade des antihistaminiques, des corticoïdes ou des broncho-dilatateurs. Si l'intolérance aux allergènes est plus intense, un traitement de fond s'impose. L'idée étant de soumettre le malade à un cursus de désensibilisation dont la durée est supérieure ou égale à trois ans», explique le spécialiste. Il est à noter que la désensibilisation au pollen consiste en l'administration du pollen purifié et standardisé par les biologistes via des injections sous-cutanées et par doses croissantes. Ces injections sont administrées d'une manière hebdomadaire ou une fois par quinzaine. Une fois arrivée à la dose maximale, le médecin recourt à des séances de plus en plus espacées. «Généralement, le traitement de fond nécessite une période allant de trois à cinq ans. Dans certains cas, ce traitement s'étale sur une durée plus importante», précise l'allergologue. Il est également à noter que le traitement de fond peut être attribué aux enfants âgés de moins de cinq ans, et ce, en raison de leur fragilité immunitaire. D'un autre côté, et pour ce qui est des femmes enceintes soumises au traitement de fond, il leur est recommandé de poursuivre le traitement. La prise en charge du « rhume des foins » s'impose à plus d'un titre. Elle permet de soulager le malade des désagréments qui peuvent s'étendre sur plusieurs mois. D'autant plus qu'à défaut de traitements appropriés, les allergies peuvent donner lieu à des maladies dont certaines sont chroniques, comme la rhinite ou l'asthme.