Saisie d'une centaine de kilos de stupéfiants en l'espace de 15 jours. Un bilan des plus prometteurs... Décidément, les trafiquants de drogue dans nos murs ne se la coulent plus douce. Mieux, les temps sont même devenus durs, très durs pour eux, après avoir largement profité du relâchement sécuritaire consécutif aux retombées de la révolution. Pas plus tard que la semaine dernière, l'illustration la plus éclatante nous est venue sous la forme du démantèlement d'un dangereux réseau auprès duquel ont été saisis quelque trente kilos de chira soigneusement dissimulés à l'intérieur d'un véhicule de transport. Cette importante quantité est à ajouter aux 80 kilos de stupéfiants saisis une semaine auparavant, un peu partout dans le pays, ce qui a entraîné l'arrestation d'une vingtaine de suspects. Ces coups de filet, d'une ampleur sans précédent, ont été le fruit de deux facteurs principaux, à savoir : – Primo : l'intensification grandissante des opérations de rafle devenues autrement plus fréquentes aussi bien à l'intérieur des villes (particulièrement les quartiers populaires) que dans les grands axes routiers reliant les gouvernorats du pays. – Secundo : l'efficacité des investigations conduites par la brigade des stups qui a pu, ainsi, remonter plusieurs pistes et, par conséquent, réussir le parfait «flagrant délit» lors de ses descentes. Pistes étrangères Les séances d'interrogatoires auxquelles ont été soumis les suspects ont, dans deux cas sur trois, révélé l'existence de pistes étrangères, autrement dit de réseaux actifs entre la Tunisie, l'Algérie et la Libye. Un triangle mis à profit par ces réseaux pour écouler la marchandise prohibée dans nos murs, après avoir réussi à l'introduire clandestinement (généralement au clair de la lune) et moyennant des stratagèmes diaboliques. En effet, il s'est avéré que des... ânes et mulets ont été mobilisés pour le transport de la drogue entre les frontières, outre les moyens habituels (camions, véhicules particuliers, charrettes, etc.). Avec l'Algérie et la Libye, il va falloir désormais compter avec la piste européenne que nos enquêteurs ne semblent pas près d'abandonner, après la collecte d'informations jugées fiables sur une éventuelle implication de réseaux faisant la navette entre la Tunisie et le sud du vieux continent. D'où la crainte de voir se développer un trafic fort inquiétant et étranger, jusqu'ici, à notre pays, à savoir celui de la cocaïne et de l'héroïne. Deux drogues connues pour être les plus dures et qui sont généralement étroitement liées aux plus célèbres réseaux de trafiquants de stupéfiants dans le monde. En revanche, une note gaie dans ce tableau si lugubre : «La plupart des saisies émanent de marchandises acheminées en Tunisie, depuis l'année dernière, car, depuis, plus rien ne passe à travers nos frontières», précise un douanier qui affirme, visiblement sûr de lui, que «les contrebandiers préfèrent désormais d'autres trafics tels que les produits alimentaires, les cigarettes et autres boissons alcoolisées». Entre-temps, les dernières nouvelles font état du resserrement, de plus en plus musclé, de l'étau autour des petits revendeurs et autres dealers en herbe qui pullulent encore dans les cités populaires, notamment celles du district de Tunis (Hafsia, Halfaouine, Ben Arous, Hammam-Lif, Séjoumi, Ettadhamen, Jebel Lahmar), zones considérées par la police comme étant le fief privilégié des trafiquants de drogue et où nos forces de sécurité intérieure sont à créditer, jusqu'à présent, de coups de filet retentissants, toutes époques confondues.