Les campagnes de sensibilisation sont-elles réellement efficaces ? Au regard de l'augmentation du nombre de fumeurs en Tunisie, et ils le sont malheureusement, il semble que rien, ni personne n'est en mesure de mettre un frein à l'envie de millions de personnes de fumer. Les industriels du tabac qui sont passés maîtres dans l'art de transformer le poison en moyen de séduction ont toutes les raisons de pavoiser : le tabac a encore de beaux jours devant lui. Car, il gagne et séduit une autre clientèle composée de femmes qui, longtemps à l'abri du fléau, a fini par y succomber. Avec des adolescents (presque 13% de la population fumeuse en Tunisie) de plus en plus jeunes, les femmes viennent ainsi grossir les rangs des fumeurs. Les chercheurs, les sociologues, les gouvernants et même l'Organisation mondiale de la santé pensent que l'adhésion des femmes à la cigarette n'est pas fortuite. Elle serait même le fruit d'une opération de marketing de longue haleine de la part des industriels du tabac à l'endroit du sexe féminin. Les deux dernières décennies, la femme et l'adolescent ont effectivement servi d'axe majeur et constant dans les opérations de promotion du tabac. C'est pourquoi, cette année l'OMS a placé la journée sous le thème: «tabac et appartenance sexuelle : la question du marketing auprès des femmes». Mais quelle qu'en soit la cible, le tabac est à «abattre». C'est un vœu presque pieux car et au niveau de la législation du moins, la nôtre qui est pourtant dissuasive, persuasive, sévère même (art 13, énoncé des sanctions) n'a pas empêché que l'on fume et un peu partout. Les fumeurs ont toujours la cote et les anti-tabagismes ont toute la peine du monde à faire respecter leur droit à respirer un air sain. Huit mille personnes environ peuvent bien mourir chaque année chez nous, les adeptes de la cigarette n'en ont cure car «cela n'arrive qu'aux autres». Malheureusement et au rythme où vont les choses, l'OMS prévoit que le nombre de décès dus au tabac risque de passer de 5 millions par an actuellement à 10 millions en 2020 et la moitié de ceux qui fument aujourd'hui (650 millions de personnes) finiront par en mourir. Car le tabac tue de multiples façons, puisqu'il est responsable en Tunisie de 90% des cancers du poumon, 85% des artérites, 65% des affections de la sphère ORL, 40% des cancers de la vessie, 35% des infarctus du myocarde et la liste est longue. Les statistiques révèlent même que le Tunisien consacre 5% de son revenu au tabac contre 3,2% à sa santé. Plus la cigarette est chère et plus le Tunisien est accro. Cela est d'autant plus alarmant qu'une enquête nationale auprès d'élèves de l'enseignement secondaire a prouvé que 80% des élèves des classes terminales fument. Alors que faire ? En plus de campagnes soutenues auprès de jeunes, notamment en milieux scolaire et universitaire, qui sont menées par des associations gouvernementales et non gouvernementales, certaines entreprises privées ont tout simplement décidé de bannir le tabac de leur lieu de travail. L'initiative est peut-être difficile à faire exécuter, mais le jeu en vaut bien la chandelle surtout qu'il s'agit d'une question aussi sérieuse que la santé. Là où on a tenu à faire respecter l'interdiction de fumer, comme dans certains lieux publics, la consigne a été suivie à la lettre. Pourquoi alors ce ne serait pas le cas ailleurs et partout?