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La raison d'être du «réveil de l'Afrique» Clôture de la Conférence des ministres des Finances, de la Planification et du Développement économiques de l'UA (COM 2013)
De notre envoyée spéciale à Abidjan Najoua HIZAOUI Les assises de la sixième réunion annuelle conjointe de la conférence des ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique de la commission économique pour l'Afrique et de la commission des ministres de l'Economie et des Finances de l'Union africaine ont pris fin, hier, à Abidjan en présence du président de la Côte d'Ivoire, M. Alassane Ouattara, qui n'a pas manqué de rappeler dans son allocution que le défi de l'émergence est d'accélérer la transformation des économies africaines pour accroître la part des activités industrielles des pays du continent ainsi que le poids des exploitations des produits manufacturiers dans le commerce mondial. «Pour relever ce défi, il faut la stabilité politique, un cadre macroéconomique stable et l'amélioration de la compétitivité de nos économies. Il s'agit aussi de mettre en place les infrastructures économiques nécessaires, de réduire de façon significative le coût des facteurs de production, notamment de l'énergie, et d'améliorer sensiblement l'environnement des affaires», précise le président Ivoirien. Ces actions doivent être mises en œuvre dans chacun des pays africains et à l'échelle régionale dans le cadre d''une convergence des politiques économiques. «Comme il appartient d'ailleurs aux gouvernements et aux instances communautaires de mettre en œuvre des politiques en faveur de l'industrialisation dans le cadre d'un agenda pour l'industrialisation de l'Afrique», ajoute le président ivoirien. Le dynamisme africain La raison d'être d'une bonne partie du discours actuel sur le «moment africain» et le «réveil de l'Afrique» est claire. Certaines des économies ayant enregistré la plus forte croissance au monde sont africaines. «L'Afrique a fait preuve d'un dynamisme indéniable pendant cette période de crise économique. Alors que la croissance mondiale a baissé de 2,7% l'année dernière, l'Afrique a pris le chemin inverse et enregistré une croissance de 5%. Il est à noter que toutes nos sous-régions ont connu une croissance plus forte que la moyenne mondiale, le taux le plus élevé étant de 6,3% et le plus faible de 3,5%. Cette performance est imputable à plusieurs facteurs, notamment une meilleure gestion macroéconomique, l'augmentation des exportations de ressources naturelles et l'émergence d'une classe moyenne», affirme M. Carlos Lopes, secrétaire général adjoint de l'Organisation des Nations unies et secrétaire exécutif de la Commission économique Africaine (CEA). L'Afrique, future base de transformations structurelles Dans leur rapport final, les ministres précisent que l'expérience en matière de croissance n'est cependant pas suffisante. Elle reste en deçà du taux de 7% qui est le minimum requis pour doubler les revenus moyens en l'espace d'une décennie. «Cette situation s'explique en partie par le fait qu'un trop grand nombre de nos économies restent tributaires de la production et de l'exportation de produits primaires. Un grand nombre affiche aussi de fortes inégalités (faim et pauvreté chroniques). Alors que nous nous félicitons de ce que sept de nos pays figurant parmi les dix premiers enregistrent la plus forte croissance au monde», ajoute M.Lopes. Le moment est venu pour capitaliser la performance actuelle de l'Afrique et d'en faire une base pour la transformation structurelle. La transformation structurelle peut se définir de nombreuses manières, mais il s'agit «d'un transfert massif des ressources d'un secteur à un autre du fait des changements intervenus au niveau des fondamentaux et des politiques. En termes empiriques, cela signifie un changement de la composition sectorielle du produit intérieur brut, avec la part du secteur primaire en termes d'emploi et de production allant à l'industrie et aux services modernes. Cela implique également une utilisation accrue des technologies et une plus grande productivité dans tous les secteurs». Innovation et détermination Sans aucun doute, l'Afrique veut la transformation structurelle, objectif primordial qui ne peut être réalisé sans l'industrialisation génératrice d'emplois, susceptible d'augmenter les revenus et de contribuer à la diversification des économies africaines, y compris leurs exportations. En effet, la réussite à cet égard ne sera pas facile. «Il faudra de l'innovation et de la détermination pour surmonter les insuffisances dans le domaine de l'infrastructure, une solide base de connaissance de la structure de l'industrie et des chaînes de valeurs mondiales. Ainsi, nos économies doivent continuellement investir dans le savoir, les compétences, la technologie et l'innovation. Le paysage commercial, notamment les obstacles et les préférences, doivent être bien appréhendés. Par-dessus tout, la stimulation du commerce intra-africain demeure une nécessité absolue pour créer les marchés nécessaires au succès de l'industrialisation», poursuit M. Lopes. Le rapport a fait ressortir que d'autres problèmes mondiaux auront une incidence sur la dynamique du développement en Afrique, les changements climatiques en l'occurrence qui doivent rester au premier rang des préoccupations. D'où la nécessité de mettre en place des actions d'atténuation et d'adaptation des structures de production. Par ailleurs, «la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlec), et des échelons régional et continental du plan d'action pour le développement industriel accéléré de l'Afrique (Aida) sera d'une importance cruciale», ajoute Mme Nikosazana Clarice Dlamini Zuma, présidente de la commission de l'Union africaine. En somme, les pays africains, pris individuellement et collectivement, «ont une réelle opportunité de promouvoir la transformation économique et de s'attaquer à la pauvreté, aux inégalités et au chômage des jeunes. Ils peuvent tirer profit de leurs ressources naturelles abondantes et des prix internationaux élevés des produits de base ainsi que des changements s'opérant dans l'organisation du processus de production à l'échelle mondiale», conclut Mme Zuma.