Comment expliquez-vous le redressement plutôt surprenant du marché financier? Pour remettre les choses dans leur cadre, il faut connaître à quoi sert un marché financier, soit à renforcer les fonds propres des entreprises et nous savons tous à quel point les PME tunisiennes qui sont, pour la plupart, des PME familiales ont besoin de fonds propres. Il faut aussi noter qu'une bourse dynamique est aussi un moyen de transmission d'entreprises familiales car, à partir du moment où une entreprise est cotée, elle a une valeur marchande et la bourse a un seul prix de référence qui est la capitalisation boursière. La Bourse de Tunis a terminé, depuis plusieurs années, sa mise à niveau technologique et réglementaire, le problème qui persiste est la non-représentativité de la bourse de l'économie. En effet, l'augmentation ou la baisse de l'indice boursier n'est pas nécessairement lié à l'économie réelle. Cela est dû, d'abord, au fait que la Bourse de Tunis ne représente pas tous les secteurs d'activité de l'économie tunisienne, il y a des secteurs qui ont un poids important dans le PIB qui ne sont pas représentés, notamment, les télécommunications , le textile, le tourisme, l'énergie, l'agriculture. La taille du marché financier, et qui reste plutôt petit par rapport aux marchés de pays comparables, influence, également, les fluctuations connues par le marché. À rappeler, à ce propos, que nous avons une capitalisation boursière qui ne dépasse pas les 20 % du PIB et seulement 60 société cotées. Il s'agit, aujourd'hui, de continuer à communiquer sur le marché financier et les avantages qu'il peut véhiculer. Nous en tant que bourse, notre objectif est de rendre la bourse représentative de l'économie réelle, auquel cas l'indice bousier reflétera l'état réel de l'économie du pays. Pourquoi les choses se sont, brusquement, améliorées? À mon avis, il y a des raisons objectives qui expliquent ce fait, il y a d'abord une forte demande qui est une conséquence de la chute de l'investissement et comme on investit de moins en moins dans l'immobilier, les gens se retournent vers la bourse étant l'un des débouchés de l'épargne. Du côté de l'offre, vu le problème de liquidités vécu par les banques et l'accès de plus en plus difficile au crédit, les entreprises ont pris conscience de l'intérêt véhiculé par le marché financier en tant que pourvoyeur de fonds. Comment jugez-vous les dernières introductions et y a-t-il lieu de parler d'un risque de bulle financière? Toutes les introductions récentes ont été souscrites et le marché a répondu fort positivement. Aujourd'hui, le conseil de la bourse a, d'ores et déjà, admis six sociétés en Bourse qui sont en cours d'obtenir leurs visas auprès du régulateur. Il est clair qu'aujourd'hui, il y a une forte demande et il faut savoir mettre une offre de qualité pour y répondre afin de minimiser le risque de bulle. S'agissant de la qualité des dossiers traités, il faut savoir que la Bourse comporte deux grands compartiments, à savoir la cote principale où on trouve l'élite de l'économie et le marché alternatif, ce dernier étant censé aider les PME à se restructurer pour pouvoir, ensuite, accéder au marché principal. La dégradation de la note souveraine du pays et des notes de certaines banques a-t-elle impacté le marché boursier? Il est certain que cette dégradation impacte le marché financier. A noter, à ce propos, que si la cause de la dégradation de la note souveraine du pays est liée à la situation sociopolitique, la baisse de celles des banques est générée par la situation du secteur qui demande une réelle réforme.