Le marché financier n'assure que 5% du financement de l'économie et la capitalisation boursière ne dépasse pas 24% du PIB Dans le cadre d'une complémentarité Banque-Bourse, les banques seraient tenues de rationaliser les crédits accordés aux entreprises et de les orienter vers le marché boursier pour satisfaire leurs besoins en financement La Bourse est prête à financer l'économie. C'est le message que véhiculent les professionnels du marché financier, lors du premier Salon de la Bourse et des services financiers «Investia 2012». Trois jours durant, depuis hier, une exposition de 44 stands des acteurs du marché financier, une série de panels et d'animations pédagogiques sont au menu du salon. Le slogan est bel et bien accrocheur «Investir aujourd'hui, c'est investir l'avenir». Dans son allocation d'ouverture, Fadhel Abdelkefi, président de la Bourse de Tunis précise que cette manifestation fait partie d'un programme triennal à trois objectifs, notamment faire connaître les atouts de la Bourse et diffuser la culture boursière. En effet, selon le professionnel: «La Bourse n'est ni un temple de spéculation, ni un club de riches initiés». Et d'illustrer «la Bourse est, plutôt, un moulin bien huilé sans grains à moudre». Cette illustration renvoie aux compétences et aux fonds disponibles sur ce marché, jusque-là sous exploités. En effet, l'activité du marché boursier n'est pas en mesure de refléter la situation économique du pays, vu la faible participation de la Bourse dans l'activité économique du pays. En effet, peu d'entreprises font des appels publics à l'épargne, et encore moins ceux qui préparent leurs introductions en Bourse. En somme, le marché financier n'assure que 5% du financement de l'économie et la capitalisation boursière ne dépasse pas 24% du PIB. «Sans oublier que plusieurs secteurs, notamment le textile, l'énergie, et j'en passe, ne sont pas représentés», martèle le président de la Bourse de Tunis. Pour emprunter le bon chemin, il énumère plusieurs préalables : «La volonté politique, le travail main dans la main avec les banques, ainsi que la sensibilisation des entreprises ». S'agissant de la volonté politique, la présence massive des membres du gouvernement est fort significative. A ce salon, le président du gouvernement, M Hamadi Jebali, était accompagné par le ministre des Finances par intérim, M Slim Besbes, le ministre conseiller chargé du Dossier économique, M Ridha Saidi et le gouverneur de la Banque centrale, M Chedly Ayari. Après l'inauguration du salon, le chef du gouvernement a brossé un maigre bilan de l'activité boursière, durant ces deux dernières années. «Une faible évolution de 6% l'indice de la Bourse, un nombre limité de 55 entreprises cotées et un marché alternatif qui ne compte que quatre entreprises», relève-t-il. Toutefois, il relativise «ces indicateurs en berne ne doivent pas camoufler les potentialités du marché». «Les fonds et les compétences de ce marché sont de nature à faciliter la restructuration des entreprises, l'assainissement de leurs équilibres financiers, la réalisation de nouveaux projets ou encore la conquête de nouveaux marchés», rappelle-t-il. Plus généralement, il estime que la Bourse de Tunis est un levier d'investissement et de croissance. Par ailleurs, il relève que le système bancaire, alourdi par les dettes classées, n'est pas en mesure de continuer à remplir son rôle de bailleur de fonds. Il recommande, dans ce cadre, « une complémentarité banque-Bourse ». Dans cette mesure, les banques sont tenues de rationaliser les crédits accordés aux entreprises et de les orienter vers le marché boursier pour satisfaire leurs besoins en financement. Pour ce qui est des entreprises publiques qui opèrent dans des secteurs concurrentiels, le chef du gouvernement a dévoilé l'intention d'en introduire certaines en Bourse. Il argumente : «Une éventuelle introduction en Bourse de ces établissements est de nature à apporter des fonds supplémentaires, et ainsi alléger la charge de l'Etat. En plus, cela permet de gagner en transparence dans la gestion de ces entreprises». Le rythme des introductions en Bourse sera accéléré également par la mise sur le marché de certaines entreprises confisquées. Enfin, le gouvernement, fait-il savoir, est ouvert à toutes les propositions. Pour sa part, M Chedly Ayari, gouverneur de la BCT, a présenté sa position : «Dans une économie d'endettement, comme la nôtre, le financement bancaire prédominant reste indispensable pour les entreprises, mais doit être reconsidéré pour certaines afin de le limiter à un financement relais ouvrant la possibilité d'intégrer d'autres alternatives de financement mieux adaptées à leurs besoins». En d'autres termes, la prédominance du financement bancaire a fragilisé les entreprises et a limité le développement du marché financier. Ne cachant pas son refus de certaines pratiques bancaires, il insiste «La mission d'une banque ne se limite pas au financement de la consommation». Sur un autre plan, il considère que les conditions des banques n'encouragent plus l'épargne. Compte tenu de l'inflation qui dépasse les taux d'intérêt pratiqués, la rémunération de ces dépôts est négative. D'où, «il convient de conseiller les épargnants à aller en Bourse», précise-t-il. Par ailleurs, il propose d'instaurer un système de notation des entreprises. En somme, le tissu économique est formé d'entreprises surendettées au moment où la capitalisation boursière reste timide. Sur un autre registre, le ministre des Finances par intérim, M Slim Besbes, a noté : «L'objectif de réaliser un taux de croissance de 4,5% en 2013 ne relève pas de l'optimisme mais plutôt du pur réalisme». De même, il a annoncé que plusieurs mesures seront mises en application pour libéraliser le marché financier, notamment la loi sur le marché financier et la mise en place d'un code spécifique pour les organismes financiers non résidents. A vrai dire, sur le marché financier, les investisseurs disposent des excédents de liquidités pour saisir les bonnes opportunités. Et, s'agissant d'un apport dans les fonds propres de l'entreprise, ce financement ne génère pas des frais financiers. Outre le financement, la diversification de l'actionnariat est porteuse de nouvelles techniques de management mieux adaptées à l'entreprise et son environnement. Sans oublier que plusieurs réformes juridiques ont été adoptées pour réguler les transactions boursières conformément aux standards internationaux.