Meilleure équipe continentale de la décennie, l'Egypte a confirmé son ascendant sur le football du continent, en affichant cohésion, solidité, efficacité et esprit sain La joie de Zidan, fer de lance de l'équipe, et celle de Gedou, meilleur buteur de la CAN, associé à celle d'un public plus que jamais comblé, traduit l'ascendant égyptien sur le football du continent La sélection de Chehata n'était pourtant pas partie avec les faveurs des pronostics qui ont mis d'autres sélections en avant, notamment les sélections ivoirienne, ghanéenne, camerounaise ou encore nigériane. Mais la victoire finale de l'Egypte est largement méritée. Le triomphe a commencé par le Nigeria en ouverture (3-1), avant le Mozambique ( 2-0) et le Bénin (2-0) . En quarts de finale, c'est le Cameroun qui est la nouvelle proie des Pharaons (3-1, comme en ouverture de la précédente CAN). En demi-finale il n'y avait pas photo avec la sélection algérienne (4-0). En finale, les Pharaons ont achevé en beauté leur parcours dans la compétition par une autre victoire contre les Ghanéens. L'Egypte n'a pas seulement de bons joueurs, elle a la meilleure équipe, le meilleur effectif et un bon entraîneur. Elle sait jouer, se battre et gagner même quand parfois les vents tournent. Invaincue lors de ses 19 derniers matches en phases finales de la CAN, elle a développé le meilleur jeu, fait de passes courtes, de solidarité sur le terrain et de rigueur à tous les étages. Meilleure défense (2 buts encaissés), meilleure attaque (15 buts ), 6 victoires en autant de matches, l'Egypte réalise un sans-faute dans cette CAN 2010. Cette excellente performance n'est pas passée inaperçue puisque le comité technique de la compétition a nommé 5 Egyptiens dans l'équipe type de la compétition. Heureux ensemble L'un des artisans de cette victoire, Hassan Chehata, a répondu à toutes les mauvaises langues qui mettaient ses capacités d'entraîneur en doute. L'Histoire retiendra qu'il est le premier entraîneur africain à remporter trois titres de la CAN. En poste depuis 2004, Chehata a non seulement motivé son groupe après l'échec en qualification pour le mondial, mais a réussi à construire une sélection jeune et très puissante dont la majorité des joueurs évoluent dans le championnat national. Certains se posent la question de savoir comment une sélection formée majoritairement de locaux arrive à s'imposer face à des adversaires truffés de grandes vedettes évoluant dans de grands clubs européens. La réponse est simple: c'est plus facile si on utilise massivement des joueurs du championnat national car on a le temps de bien les préparer pour la compétition. Avec une ossature "locale" formée essentiellement des joueurs du Zamalek, d'Ismaïli et d'Al Ahly, il s'est distingué par sa bonne gestion des rencontres. Sous son commandement, les choses étaient claires dès le départ. Les joueurs mais aussi tout l'encadrement sont heureux ensemble. Ils se sentent comme chez eux dans cette équipe, comme dans une grande famille. Autre preuve qu'il y a un esprit sain dans cette sélection, Hassan Chehata a su gérer Gedo, un élément qui marque tout le temps et aurait pu inciter à le titulariser. Mais le sélectionneur des Pharaons n'a pas renié sa philosophie et le joueur n'a pas fait de remous, restant toujours dans la discipline du groupe. Des joueurs, pas de stars Autre ingrédient de la réussite: révolue la rivalité historique Al Ahly-Zamlek qui a longtemps miné la sélection. Avec Chehata, un "Zamalkaoui" pure souche dont l'arrivée aux commandes avait déjà soulevé un tollé, la sélection n'est plus sous l'emprise du très puissant Al Ahly mais est devenue ouverte à d'autres formations du championnat égyptien. Il faut aussi saluer les joueurs qui étaient à la hauteur de leur mission. A l'image du très expérimenté capitaine Ahmed Hassan, recordman des sélections avec 171 capes, 4 titres africains, meilleur joueur du tournoi comme en 2006 et omniprésent dans les rencontres serrées, du gardien El Hadary qui, à 37 ans, est toujours le meilleur spécialiste africain, du milieu d'Ismaïli, Hosni Abd-Rabbo, meilleur joueur de la compétition 2008 et cette année très utile à l'entrejeu, du défenseur Waël Gomaa, brillant face aux meilleurs attaquants du continent. Il faut aussi signaler les grands efforts des deux latéraux Al Mohammadi, Mouadh, du stoppeur Fathallah, Metaab, le buteur de Zamalek et de la sélection et de Mohamad Zidan, l'attaquant de Dortmund, buteur et passeur décisif (comme en finale 2008). En l'absence de Mohamed Abou Trika, Zaki et Baraket, ce dernier avait la lourde tâche d'animer le front de l'attaque. Il a pleinement rempli son contrat. Mais la révélation est l'attaquant Mohamed Nagui "Gedo", six fois remplaçant, 172 minutes jouées et cinq buts inscrits. Un but toutes les 35 minutes, le joueur d'Al Ittihad d'Alexandrie, appelé de dernière minute à la veille de la CAN, a donné le sourire à tout un peuple sur une demi-occasion en finale. Et cela n'a pas de prix... L'Egypte n'a pas de grande star. Elle a de bons joueurs tous sur un pied d'égalité. Quand Ahmed Hassan, Metaab voire Zidan font l'éloge de Gedo, cela donne une idée sur la cohésion de la sélection. Cette CAN 2010 a encore prouvé que l'esprit d'équipe passe avant toute autre considération. Le cas justement de l'Egypte. Sa victoire finale n'est donc pas le fait de la chance mais bien d'un groupe uni pour un seul objectif, celui de réussir ensemble. C'est ce qui anime une dynamique sur une longue durée.