Le bras de fer qui oppose ces derniers jours l'Union régionale du travail de Sfax et le ministère de la Santé publique semble se poursuivre au détriment des patients hospitalisés dans les deux hôpitaux universitaires de la région. Entre la sourde oreille de l'administration et la détermination des ouvriers à poursuivre leur grève, les patients resteront privés de nourriture jusqu'à nouvel ordre. Les ouvriers du restaurant hospitalo-universitaire Habib-Bourguiba et Hédi-Chaker de Sfax ont entamé une grève mercredi dernier, et qui durera quinze jours. Les grévistes protestent contre la non-régularisation de leur situation professionnelle. Ils réclament l'application des accords issus des réunions entre le ministère de la Santé publique et les représentants syndicaux des ouvriers. «La grève est à son deuxième jour. Les employés du restaurant hospitalo-universitaire ont refusé de signer les contrats de recrutement envoyés par le ministère. Ils exigent leurs conditions. Normalement, c'est la Fonction publique qui détermine les critères de recrutement. Privant les patients de leurs repas, ces employés ont même interdit aux associations de servir la nourriture aux malades. L'administration a recouru à des citoyens pour servir les hospitalisés. Les employés doivent respecter la déontologie du métier et fournir les services minimums comme la nourriture. Ce qui n'est pas normal, c'est que le secrétaire général de l'union régionale du travail donne le feu vert à une grève de 15 jours», explique Dr Mohamed Ben H'mida, directeur régional de la Santé publique. Dans un communiqué de presse rendu public hier, la Direction régionale de la santé rappelle la nécessité de respecter le droit au travail pour ceux qui ne soutiennent pas la grève. Convaincue que la grève est un droit acquis, l'administration appelle en revanche à ne pas empêcher les institutions hospitalières à fournir les prestations nécessaires aux patients et notamment les repas aux hospitalisés parmi eux. Dans ce même communiqué, la direction régionale de la santé met en garde contre tout comportement visant à priver les patients hospitalisés de leurs repas, rappelant que certains d'entre eux sont originaires du sud du pays et n'ont pas de ce fait des proches installés à Sfax pour leur servir leurs repas. Par ailleurs, la direction régionale de la santé accuse les parties syndicales de prendre «en otage» les patients et de les priver de nourriture en dépit des efforts déployés par l'administration. Contacté, M. Mohamed Chaâbane, secréataire général de l'union régionale du travail, a déclaré que le ministère de la Santé publique n'a pas respecté le contrat signé avec les parties syndicales le 11 octobre 2011 qui indique que les ouvriers du restaurant hospitalo-universitaire Habib-Bourguiba et Hédi-Chaker seront recrutés à partir du 1er janvier 2012. Ils seront ainsi intégrés selon les critères de recrutement des ouvriers de la santé publique. Malgré la signature de ces contrats par les employés, ces derniers n'ont pas bénéficié de leurs droits les plus élémentaires, notamment la couverture sociale et médicale. Le ministère a aggravé la situation en mettant de côté le contrat signé et en envoyant une nouvelle formule. «Et en intervenant sur les ondes d'une radio privée, le ministre de la Santé publique a attaqué l'Ugtt au lieu d'appeler à la conciliation. Son discours n'était pas neutre. C'est une sorte d'accusation envers l'Ugtt. Il a souligné que cette grève est illégale, alors que c'est tout à fait le contraire. Par ailleurs, des représentants de la ligue de protection de la révolution à Sfax ont essayé, par tous les moyens, de casser la grève. Des syndicalistes sont alors intervenus pour maîtriser la situation». En ce qui concerne la privation des patients hospitalisés de leurs repas, le secrétaire régional de l'Ugtt accuse l'administration de manipulation politique. Contrairement à ce que disent les responsables du ministère de la Santé publique, une équipe a été mobilisée pour fournir aux patients nécessiteux leur nourriture. Jusqu'au 3 avril à 23h00, les proches avaient la possibilité d'apporter la nourriture à leurs malades. «Il faut souligner que les parties syndicales se sont réunies jusqu'à 15 heures au siège du gouvernorat pour trouver des solutions. Aucun représentant du ministère de la Santé n'a participé à cette réunion. Depuis sa nomination, le directeur régional de la santé ne répond pas aux réunions. Il a fermé toutes les portes du dialogue. Nous considérons également que le ministre actuel est incompétent. Il ne cherche pas à trouver des solutions. Il essaye toujours d'accuser l'Ugtt», ajoute le responsable syndical.