Les agents de la société de sous-traitance de la restauration dans les deux CHU de Sfax sont entrés en une grève ouverte depuis dimanche matin refusant de préparer ou de servir les repas aux patients hospitalisés dans les deux établissements sanitaires. Les grévistes se sont même opposés à l'initiative prise par les administrations des deux hôpitaux de servir des repas froids aux malades, allant jusqu'à détourner le camion frigorifique chargé de denrées alimentaires destinées à être distribuées et à en confisquer la cargaison. Ainsi, six repas n'ont pas jusqu'à hier soir été servis aux malades hospitalisés dans les CHU Habib Bourguiba et Hédi Chaker. Heureusement, la solidarité des patients et de leurs visiteurs a joué à fond, évitant le pire à ceux en provenance de régions éloignées, de quoi constituer pour eux un réconfort moral de taille. Certes, ce mouvement de grève est moralement condamnable, il n'empêche que si l'acte est en lui-même est inexcusable, il n'en est pas de même pour ses motifs. Les grévistes sont en effet d'anciens agents d'une entreprise de sous-traitance. Or, en vertu de l'accord portant suppression de ce genre d'entreprises dans le secteur public, intervenu entre le Ministère des Affaires Sociales et l'UGTT, les 120 agents devraient être recrutés à titre d'ouvriers de l'Etat et non pas intégrés dans le personnel des deux CHU. Il va de soi qu'une pareille décision est de nature à les léser considérablement, les privant de l'avantage de l'ancienneté et leur accordant un statut commun, alors qu'ils comptent dans leurs rangs de simples agents mais également des chefs de cuisine et des catégories intermédiaires. Jusqu'à hier, aucune issue na été trouvée et les négociations ont piétiné pour la simple raison que d'une part, l'administration est tenue d'appliquer les règlements en vigueur mais que de l'autre, les grévistes ont raison de se prévaloir de leur ancienneté, tant il n'est pas logique de gommer arbitrairement vingt ans de carrière. Une autre embûche de taille ne manquerait pas d'entraver la progression des négociations entre les deux parties, c'est l'inflexibilité des grévistes qui exigent non seulement une titularisation immédiate mais également une rémunération égale à celle servie par leur ancienne entreprise de sous-traitance.