GAZA (Reuters) — L'Egypte a rouvert hier le point de passage de Rafah, à sa frontière avec Gaza, au lendemain de l'assaut meurtrier de la marine israélienne contre un convoi d'aide maritime qui tentait de forcer le blocus du territoire palestinien. L'opération de commando, qui a fait neuf morts parmi les activistes pro-palestiniens à bord du "navire-amiral" turc de la flottille, a provoqué une réprobation internationale unanime et une multiplication des appels à la levée du blocus israélien. Hier, en début de journée, le chef en exil du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaâl, avait engagé ses "frères égyptiens à saisir ce moment historique pour ouvrir le point de passage de Rafah". "L'Egypte en est capable et ce serait une vraie réponse aux agissements israéliens." De sources égyptienne et palestinienne autorisées, on précise que Le Caire a, de fait, décidé la réouverture jusqu'à nouvel ordre du point de passage frontalier de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le seul qu'Israël ne contrôle pas physiquement. L'Egypte, qui agit en coordination avec Israël pour ce qui concerne le contrôle des frontières de Gaza, n'a ouvert le point de passage que parcimonieusement depuis la prise de pouvoir du mouvement islamiste dans le territoire, il y a trois ans. Le Hamas contourne le blocus grâce à des centaines de tunnels creusés sous la clôture séparant Gaza de l'Egypte, mais une réouverture durable du poste frontalier de Rafah serait une victoire diplomatique pour lui et un revers pour Israël. "Le point de passage de Rafah est ouvert chaque jour de neuf heures du matin à sept heures du soir", a annoncé le ministère de l'Intérieur du Hamas, provoquant une ruée vers le terminal, dont les grilles étaient encore fermées à la mi-journée." Retour à l'avant-juin 2006 ? De source proche de la sécurité égyptienne, on a confirmé à Reuters que l'Egypte avait bien "ouvert mardi sa frontière avec Gaza pour permettre à l'aide humanitaire et médicale d'entrer" dans le territoire. "La frontière restera ouverte pour un temps indéterminé." "Les convois d'aide, que l'Egypte ne laissait entrer que parcimonieusement dans le passé, seront autorisés à franchir la frontière pourvu qu'ils ne transportent que des vivres et des médicaments", a-t-on précisé de même source. Les "matériaux en dur" — ciment, acier, etc. —, qui font cruellement défaut pour reconstruire Gaza après l'offensive militaire israélienne dévastratrice de l'hiver 2008-2009, devront transiter par les points de passage israéliens, a-t-on ajouté. Pour sa part, Israël a fait clairement savoir, depuis l'abordage lundi matin du convoi d'aide maritime parrainé par des ONG turques, qu'il n'était pas question d'alléger le blocus de Gaza. Israël exige pour infléchir son attitude la libération du soldat Gilat Shalit, enlevé en juin 2006 sur le sol israélien par des activistes venus de Gaza, un rapt revendiqué par trois mouvements, dont la branche armée du Hamas. Commentant la réouverture annoncée du point de Rafah, un responsable du mouvement islamiste a évoqué un retour à la situation qui prévalait "avant juin 2006". Entre le retrait des colons et des troupes israéliennes de Gaza, à l'été 2005, et l'enlèvement de Shalit, le point de passage était ouvert, mais sous la supervision d'observateurs de l'Union européenne et la télé-surveillance d'Israël, afin de s'assurer qu'aucune arme ne rentrait dans le territoire.